CHAPITRE 1 « I Don't Wanna Know »

Neal O'Collins se frotta les yeux de son index et de son pouce, soupirant de fatigue. Le jeune homme blond secoua vivement sa tête et étira ses bras pour se redonner du courage. Quand il eu terminé, il saisit le dossier qu'il avait sous les yeux avant de finalement le reposer brusquement. Il était vraiment trop mort pour aller plus loin dans son investigation. L'Auror saisit une cigarette dans la poche de sa vieille veste en cuir et l'alluma. Quand ses poumons se remplirent de nicotine, il se détendit. Ça faisait déjà six mois qu'il bossait sur cette enquête et honnêtement, elle commençait à le rendre dingue. C'était un casse tête sans fin. La cigarette coincée entre les dents, Neal prit quelques notes dans sa main et les regarda comme si les pages étaient vierges. Le sourcils froncés, le sorcier souffla la fumée de ses poumons et continua à travailler malgré la fatigue. Et dire qu'à la base, il avait accepté ce dossier parce qu'il n'avait rien à se mettre sous la dent. S'il avait su... S'il avait su qu'il viendrait à enquêter sur le meurtre de son propre petit frère Jackson Peters. Pas étonnant que Neal ne l'ait pas immédiatement reconnu, pas avant d'avoir retracé toute la vie de la victime par son enquête minutieuse. Jackson et Neal avaient perdus leurs deux parents dans un bête et tragique accident de la circulation alors qu'ils étaient tout petits. Les deux garçons avaient alors été placés dans un orphelinat et adoptés séparément. En général, les fratries ne sont pas séparées quand il est possible de les conserver. Ce n'était pas le cas des deux frères qui avaient grandit séparément. Neal qui était l'aîné se souvenait encore vaguement de Jackson mais il était clair que ce dernier avait oublié avoir un grand frère.

Ce fut un mois après le début de son enquête que l'Auror avait alors comprit que le dossier Peters qui était passé de main en main pendant des mois et des mois était celui de son petit frère. Apprendre qu'il était mort l'avait première totalement effondré. L'Auror avait toujours eu l'espoir de le retrouver sans vraiment savoir quoi lui dire. Mais savoir qu'en plus il avait été assassiné l'avait révolté. C'était pourquoi ce meurtre l'obsédait tant. Il devait trouver l'assassin. Et surtout, il devait retrouver Eryn Peters, la femme de son frère. Sa belle sœur quoi. Depuis la mort de son mari, on avait eu trace d'elle environ une semaine après à l'hôpital de Ste Mangouste où elle était allée se faire soigner et où elle été déclarée en trop mauvais état pour garder son enfant. L'avait-elle toujours ? Neal n'en savait rien mais se dire que son petit frère était encore en vie à travers un garçon ou une fille lui faisait chaud au cœur. Car à part Eryn, toute sa famille était désormais morte... La sorcière avait pourtant disparu. Aucune trace d'elle à part quelques flashes de temps à autres, des arrestations pour excès de vitesse, des infractions diverses. Il n'y avait pas à dire, elle avait l'air d'une dure à cuir. L'Auror prit quelques photos dans sa main et observa la rouquine tout en tirant à nouveau sur sa cigarette. Elle était jolie. Vraiment. Rien qu'à sa chevelure, elle semblait tellement brûlante, une sorte de soleil humain. Mais il ne savait pourquoi, Neal ne l'aimait pas. Elle n'était pas nette. Sinon pourquoi avoir disparu ainsi après la mort de son mari ? Surtout qu'elle était censée être enceinte de lui ? Un amant ? Un meurtre prémédité ? Tout était possible.

« Combien de fois devra-t-on te dire que c'est interdit de fumer dans les locaux O'Collins ? » demanda un collègue avec un sourire.
« C'est pas ma faute si je trouve cette loi totalement conne » marmonna le sorcier tout en éteignant sa cigarette malgré tout.
« Tu es déjà là ? Il est à peine dix heures. Je croyais que tu avais ta matinée ? »
« Tu veux plutôt dire que je ne suis pas encore parti. Je suis resté ici toute la nuit. J'ai une nouvelle piste. »
« Sérieux O'Collins, tu deviens fou avec cette enquête. Laisse tomber un peu. »
« Pas maintenant que j'ai retrouvé la meilleure amie ! » dit le sorcier en se levant et rangeant ses papiers dans des pochettes qu'il prit sous son bras ainsi que sa veste en cuir.
« La meilleure amie de qui ? » demanda le collègue en fronçant les sourcils.
« De sa femme ! » répondit Neal avec un sourire charmant et tournant les talons. Il fit signe au revoir de dos et quitta le Ministère de la Magie où il travaillait depuis quelques années déjà.

Dans la rue, Neal marcha rapidement jusqu'à sa voiture garée non loin. Elle était facilement reconnaissable puisque ce n'était nulle autre qu'une Cadillac bleu ciel des années 50. Une merveille. Son petit bébé comme il le disait. Ses parents la lui avaient offert quand il avait obtenu son diplôme d'Auror. Les dossiers posés sur le siège côté passager, le jeune homme se mit à rouler dans Londres, l'esprit encore perdu dans ses pensées. Maintenant qu'il allait rencontrer la meilleure amie de Eryn Peters, Lou Seducere, il était tout électrique. Une nouvelle source dans une enquête c'était tout ce dont il avait rêvé depuis des mois. Découvrir qui était son frère avait été tellement plus simple que d'en apprendre sur son épouse Eryn Andrews. Étrangement, il était quasiment impossible de savoir qui étaient ses parents ( qu'il n'avait toujours pas retrouvés ) et encore moins ses amis de l'époque. C'était en étant allé à Poudlard et découvrant dans les registres de colles qu'à plusieurs reprises, Eryn avait été punie pour bavardages avec sa camarade Lou Seducere. En parlant un peu plus avec Rusard, il avait alors apprit qu'elles étaient amies. Et en enquêtant un peu plus sur Lou, il découvrit qu'elles étaient comme des sœurs à l'époque où Eryn avait épousé son frère. Si elle ne savait pas où se trouvait Eryn, soit elle mentait, soit personne ne pouvait le découvrir à part lui.

Neal se gara à quelques rues d'un restaurant et prit ses documents avec lui. Depuis qu'il était sur cette enquête, ils étaient devenus la prunelle de ses yeux. Le jeune homme poussa la porte du restaurant, veste en cuir sur le dos et jean large, il lança un regard circulaire à la pièce et alla s'asseoir à une table près de la fenêtre. Silencieux et détendu en apparence, Neal repéra la dénommée Lou. Elle était là. Brune, les yeux clairs et très belle. Le jeune homme feuilleta rapidement son dossier pour regarder tout de même s'il ne se trompait pas. Oui c'était bien elle. Puis, alors qu'il soulevait l'image de Lou, il vit celle de son petit frère. L'une des dernières prises avant sa mort. La ressemblance était vraiment frappante. C'était d'ailleurs ce qui avait intrigué l'Auror au départ. Comment deux hommes pouvaient se ressembler à ce point ? Facile. Ils étaient frères. Lou arriva, Neal ferma le dossier et afficha un air charmant. « Un café s'il vous plait » dit-il en appuyant son regard sur la jeune femme dans le but de l'analyser discrètement. Peut être était-elle complice du meurtre... Peut être était-elle la meurtrière. Le sorcier secoua rapidement sa jambe d'un air absent tandis qu'il regardait par la fenêtre. Il jeta un rapide regard à Lou du coin de l'œil. C'était lui ou elle le regardait ? Peut être se méfiait-elle de lui ? Avait-elle quelque chose à se reprocher ? Quand elle revint avec son café, le jeune homme saisit l'occasion. « Miss Seducere ? J'aimerais vous parler un instant » dit-il avec un air poli. Voyant qu'elle hésitait, il prit le revers de sa veste et montra sa poche intérieur où se trouvait sa baguette magique. « Neal O'Collins, Auror du Ministère » dit-elle discrètement avec un sourire en voyant la tête de la jeune femme. « J'enquête sur le meurtre de Jackson Peters, époux de Eryn Peters. Selon mes sources, vous deux êtes de grandes amies. Je crois que nous avons des choses à nous dire » dit-il avec ce même air charmant en remettant sa veste en place et désignant la chaise devant lui de la main. Son enquête allait avancer, enfin !

“LOU, tu es de service cet après-midi !”

La dénommée Lou se retourna immédiatement sur ces mots et se retrouva face à face avec son patron qui s’était déjà détourné et s’apprêtait à quitter les lieux. Elle demeura les yeux exhorbités plusieurs secondes le temps de comprendre ce qu’on venait de lui dire :; aussitôt elle se précipita vers son boss et lui coupa le passage, en se mettant en plein milieu de son passage, les mains sur les hanches et le regard sévère - et suppliant... -.

“Hein? Pourquoi moi ? Y’a personne d’autres ? Je suis de service depuis TROIS jours entiers ! Je n’ai eu que...”

Que... Quatre heures de sommeil en tout chaque jour. Elle était fatiguée, ne savait même pas comment et pourquoi il restait ici ! Oui, d’ailleurs, pourquoi n’avait-elle pas encore rendue son tablier ? Bah, la réponse était simple ; elle avait besoin d’argent. C’était bien beau l’Ordre du Phénix, mais ce n’était pas payé. Elle devait trouver de l’argent pour payer le loyer de son modeste appartement à quatre rues de là. C’était bien beau tout cela mais, l’argent ne tombait pas comme ça ; du moins elle aurait bien aimé parfois mais non. Mais la fin de semaine était bientôt là ; elle pourrait se reposer un peu... Du moins, elle l’avait espéré.

“Vous ne pouvez pas...”
“Évidemment que si je peux, c’est moi qui donne les ordres...”
“Mais... Je sais que c’est difficile ces temps derniers mais, on a tous besoin de se reposer !”
“Écoute Lou, “lui dit-il alors sur un ton plus gentil en lui posant une main sur l’épaule comme s’il compatissait. “Nous sommes dans une période très dure en ce moment ; les finances sont au plus bas et nous manquons de personnels. Je compte sur tous mes employés pour le remettre à flots. Je te promets que quand nous remonterons, tu pourras autant de jours de congés que tu souhaites.”

… Oui, et en attendant, elle devait se plier et faire des nuits de cinq heures tous le jours, pour les beaux yeux de son patron. Elle fulminait de rage intérieurement ; son patron eut l’impression que ses yeux venaient de devenir aussi noir que ses cheveux bien qu’ils soient d’une jolie couleur clairs... Hm, mais pas très cordiaux en cet instant, conclut son patron qui décida d’essayer de tempérer le caractère de sa jeune employée en s’éclipsant au plus tôt. Mieux valait laisser reposer l’incendie.

Malheureusement, Lou savait qu’elle n’avait pas le choix et qu’elle se plierait aux ordres. Elle avait besoin d’argent... Et puis elle était tout bonnement incapable de laisser son patron se dépêtrer seul avec les trois employés qu’il lui restait pour le moment - deux autres étant en congés maladie ou grossesse - sans compter sur leurs petits problèmes financiers du moment... Elle s’en voudrait forcément ; elle était ainsi. Mais elle avait vraiment besoin de sommeil. Dès le départ de son patron, elle se passa une main dans les cheveux et se massa les temps en fermant les yeux, essayant de se redonner courage. Bon, elle n’avait pas intérêt à rencontrer de clients difficiles aujourd’hui, parce que ce ne serait vraiment pas leur jour. Non en fait, le pire c’était qu’elle savait qu’elle prendrait sur elle encore quand même et ferait en sorte d’être le plus polie possible. Ce n’était pas le moment de perdre des clients.

A la porte de la cuisine, elle sentit une main sur son épaule et se tourna vers le visage inquiet de Mélinda à qui elle avait dit combien de sommeil elle aurait à rattraper et surtout, elle avait entendu la discussion avec leur patron à l’instant. “T’en fais pas”, lui dit-elle en réponse. “Je maîtrise”. Le weekend prochain, elle se prendra juste une semaine de sommeil en continue et puis voilà. Et personne n’avait intérêt à la déranger avant la fin de semaine... Parce qu’avoir quatre heures de sommeil par jour pendant cinq jours, je ne vous dit pas les yeux de lapins russes qu’ils auront au bout d’une semaine. Et ils étaient tous dans ce cas-là. A la même enseigne. “Tiens, tu peux t’occuper de celui-là ? Il vient d’entrer. Moi je prends les Smiths... encore.” ajouta sa jeune collègue. Apparemment, cela ne l’enchantait gère. Tu m’étonnes, les Smiths lui avaient tenus la patte pendant une demie-heure à discuter de leur petite fille à qui Mélinda ressemblait apparemment beaucoup. Mélinda avait été dans l’incapacité de s’en sortir toute seule de la situation. Lorsque Lou avait aperçu les signes des yeux qu’elle lui faisait de loin, cette dernière s’était précipitée pour l’extirper d’entre leurs pattes. Elle était très sympathique de lui éviter encore une fois leur compagnie ; chose qu’elle n’aurait pas forcément pu supporter... surtout aujourd’hui. Quoique, peut-être qu’elle, ils ne la retiendraient pas une demie-heure à parler ? Enfin, quoiqu’il en soit, Lou traversait d’ores et déjà la salle en direction de l’homme à la veste en cuir qui s’était installé à une table près de la fenêtre.

Lorsqu’elle s’immobilisa à sa hauteur, devant la table, elle sut instantanément qu’il y avait quelque chose d’étrange. Un pressentiment l’envahit... C’était bizarre, Elle semblait avoir comme une impression de déjà vu bien qu’elle était persuadée ne jamais l’avoir rencontré de sa vie. Un centième de seconde, elle fouilla dans sa mémoire, mais rien à faire... Cependant, elle avait la certitude que quelque chose manquait au tableau, qu’elle connaissait quelqu’un qui lui ressemblait ?... Peut-être avait-elle un jour croisé son jumeau de physique ? Il fallait avouer, la coïncidence serait bien étonnante et elle ne croyait pas aux coïncidences. Le pire c’était qu’elle avait horriblement l’impression d’être criblée au rayon-X (pire que lorsqu’il s’agissait de Dumbledore qui le faisait...) et elle n’aimait pas cela. Elle tenta d’échapper aux doutes et questions qui envahissaient son esprit tandis qu’il prenait la parole et qu’il commandait un café. Lou hocha la tête et prit note de la commande. Sur ce, elle lui dit qu’elle revenait dans quelques minutes avec le café et s’éloigna... Étrangement, elle ressentit comme une sorte de soulagement en se voyant mettre le plus distance possible entre eux ; et pourtant... Elle se sentait intriguée... Même si cela ne lui disait rien qui vaille. C’était juste une impression qu’elle avait. Sûrement rien d’autre qui ne valait le coup de s’y attarder.

Elle revint enfin en ayant essayer de trainer le plus possible en arrière mais sans y parvenir. Elle déposa le café sur la table et s’apprêta à s’en retourner… Ce fut l’appellation de son nom de famille qui l’interpela et elle retint un haussement de sourcils. Cette fois ce fut davantage qu’un pressentiment qu’elle eut. Comment connaissait-il son nom? Méfie-toi Lou, sois sur tes gardes. Elle n’aimait pas cela en tous les cas. Elle n’avait rien fait de mal qu’elle sache, alors pourquoi la rechercherait-on ? Lorsqu’il lui dit qu’il aimerait lui parler un instant, elle aima encore moins ; et encore moins lorsqu’il déclina son identité et le fait qu’il était Auror au ministère. Inconsciemment Lou fouilla la salle du regard, recherchant le regard de Mélinda à accrocher pour lui signifier la chose étrange qu’il lui arrivait, mais elle n’était pas en vue. Elle avait espéré qu’elle pourrait venir lui sauver la mise en lui permettant de s’enfuir. Calme-toi Lou. Il ne t’as pas encore dit ce qu’il te voulait. C’était vrai, si cela se trouvait, ce n’était rien du tout... Mais pourquoi un Auror voudrait-il lui parler ? S’il avait qui plus est décliné ainsi son identité, c’était forcément pour quelque chose de professionnel. Et elle ne pouvait s’empêcher de ne pas aimer cela. Il lui avait montré le revers de sa veste en plus, où se trouvait sa baguette magique... Cela prouvait que c’était un sorcier certes, mais pas qu’il était Auror désolée. Il n’avait pas montré son badge comme quoi il appartenait à l’élite du ministère autant qu’elle sache... Et si ce n’était pas un Auror en vrai ? En même temps, elle ne savait pas ce qu’on pourrait lui reprocher mais sait-on jamais...Sans doute avait-elle des ennemis... Après tout, étant membre de l’Ordre du Phénix, elle était engagée dans la lutte contre le mal.

« J'enquête sur le meurtre de Jackson Peters, époux de Eryn Peters. Selon mes sources, vous deux êtes de grandes amies. Je crois que nous avons des choses à nous dire »

Alors là... On aurait dit qu’elle avait vu un fantôme. C’était une blague c’est ça ?! Un poisson d’avril ? Une caméra cachée ?! Honnêtement, si elle avait su ce matin que quelqu’un allait venir l’interroger du ministère, la rencontrer au boulot pour lui poser des questions sur Jackson et Eryn Peters, jamais elle ne l’aurait cru... Elle lui aurait même rit au nez. Enfin, pas rit au nez ; ce ne serait pas le terme exact... Cela l’aurait en tous cas chamboulée... Et d’ailleurs, c’était exactement comment elle se sentait en ce moment. Eryn Peters... C’était une blague ?... Cela remontait à si loin... Des choses à se dire ? Quelles genres de choses ? Elle ne voyait vraiment pas ce qu’elle aurait à dire... A lui dire... Et, le meurtre ?! Comment ça le meurtre ? En quoi cela avait-il à voir avec elle ? Selon ses sources elles étaient de grandes amies oui... Etaient en tous les cas, cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas de nouvelles qu’elle n’aurait su trop dire où leur relation en étaient à vrai dire. Vite une chaise. Vite... Tiens justement il y en avait une en face de l’Auror. C’était exactement ce dont elle avait besoin. Elle se laissa glisser dessus. Ce n’était pas vraiment pour obéir à la demande de l’Auror qu’elle s’asseyait ; juste parce que là elle avait vraiment besoin de s’asseoir. Lorsqu’elle eut reprit enfin un peu de sa contenance et rassembler ses idées, elle releva les yeux vers l’Auror et, perplexe, et un peu perdue, elle lâcha...

“Comment ça le meurtre de Jackson Peters ? Que... Voulez-vous dire par là?!”

C’est alors que quelque chose la heurta de plein fouet et l’ébranla encore plus si tel était possible. Jackson Peters ! Voilà le détail manquant qu’elle recherchait tout à l’heure, voilà... Voilà pourquoi elle n’avait pas fait immédiatement la relation... Cela remontait à si loin. Mais... Mais comment était-ce possible ?! Pourtant, elle avait déjà à l’époque le fiancé de sa meilleure amie, et bien que ce soit loin à présent, il lui ressemblait vraiment beaucoup... C’était impossible... Un, ce ne pouvait pas être lui ; ne venait-il pas de dire qu’il enquêtait sur le meurtre de Jackson Peters ? Et de deux, du plus loin qu’elle se souvienne, il n’avait pas de frères, non ?... Elle l’aurait aperçu au mariage sinon, n’est-ce pas ? Remarque, cela remontait à si loin à présent... Non, c’était ridicule... Pourtant, il lui semblait que quelque chose du passé venait de surgir à nouveau. Après, il existait des personnes qui se ressemblaient de par le monde tout en ayant aucune parentés mais bon... Les cas étaient rares, non ? En tous cas, observer les gens de cette manière pourrait paraitre totalement inconvenant. Elle tourna donc le regard quelques secondes, se forçant à se ressaisir.

Elle avait l’impression de voir un fantôme...
Il lui fallait vraiment un verre d’eau là...

Tant bien que mal, elle essayait de remettre les pièces du puzzle en ordre dans son esprit. Récapitulons. Jackson Peters était mort, assassiné... Eryn était introuvable, en fuite sûrement se dit-elle... Recherchée par ceux ou celui qui avait tué son époux ? ou à la recherche du ou des meurtriers ? En fait, comme elle avait connu la jeune femme à l’époque, cela lui ressemblait assez de se mettre en quête de vengeance... Mais elle était certainement en danger aussi en ce moment, alors que Lou s’inquiétait tout à l’heure d’avoir un peu de sommeil en retard ? Lou se sentit soudain honteuse que son esprit eut été préoccupé par un sujet aussi futile. Mais comment pouvait-elle savoir... Et d’ailleurs, pourquoi n’était-elle pas au courant ?! Pourquoi on ne l’avait pas mise au courant ?! Pourquoi Eryn n’était-elle pas venue la voir hein après que... l’incident soit survenu ?!

Lou était choquée, décontenancée, elle avait plus que du mal à croire ce qu’elle venait d’entendre. Lorsqu’il répondit enfin à sa question et qu’elle apprit que cela datait d’il y a un an et demi, lorsqu’il ajouta comment il était mort, la jeune femme ne put s’empêcher d’afficher une expression d’effroi total, et encore ce n’était pas comme si elle n’était pas habituée à voir des choses horribles. Il y avait des mangemorts qui possédaient un niveau de férocité extrême dans ce genre de choses et le fait d’infliger des souffrances aux gens, mais là... Certes elle ne le connaissait pas réellement, à vrai dire on ne pouvait pas vraiment le dire, mais c’était le mari, l’âme soeur de sa meilleure amie... Elle ne pouvait s’empêcher de se sentir tout simplement répugnée rien qu’à imaginer combien ce meurtre avait-il pu être une horreur. Et puis même quand il s’agissait d’un parfait inconnu, on ne pouvait assurément rester insensible.

Eryn était-elle la première à l’avoir découvert?! Etait-ce pour cela qu’elle s’était enfuie ? Avait-elle cru qu’on l’accuserait du meurtre ?... Elle imaginait aisément quelle avait été sa réaction quand elle l’avait découvert... Un frisson d‘effroi lui parcourut la colonne vertébrale à cette simple pensée. Lou ne savait pas comment on pouvait même l’imaginer, mais c’était peut-être parce qu’elles avaient été si proches l’une de l’autre à une époque. Comment avait-on pu la laisser hors de tout ceci en un et demi? Elle ne comprenait pas... Pourquoi Eryn ne lui avait-elle pas au moins envoyé une lettre ? Elle aurait comprit qu’elle ne puisse en parler de vive voix... Elle n’en comprenait pas les raisons et cela avait tendance réellement à lui provoquer un léger pincement au niveau de la poitrine quand elle y pensait. Une bête sauvage qui avait complètement ravagé son visage... Etait-il possible que ce soit un loup garou ? Un simple être humain ne pouvait vraisemblablement PAS faire de tels ravages, n’est-ce pas ?! Ce n’était pas... humain.

L’auror O’Collins affichait un air si détaché - en apparence - qu’elle se demanda comment il pouvait en parler d’un ton aussi monocorde... Même s’il ne connaissait pas la victime. Cela choquait forcément les gens, même si en étant Auror on voyait des horreurs de ce genre tous les jours. Elle, si elle était Auror, ne s’endurcirait jamais vraiment assez pour ne pas pouvoir laisser entrevoir de l’émotion dans sa voix en parlant de tels crimes... peut-être pour cela qu’elle n’avait jamais souhaité être Auror ma foi. Elle ne pourrait jamais annoncer ce genre de mauvaises nouvelles à des familles, à des épouses... Des enfants... Jamais. Elle était vraiment rop sensible... Elle l’avait toujours trop été au fond... Ce qui ne l’empêchait pas pour autant de vouloir se battre contre le Mal...

Cependant, lorsqu’il lui confirma qu’après autopsie, cette horreur n’était l’oeuvre que d’un simple sorcier, au pire plusieurs, Lou ressentit comme un haut-le-coeur la saisir. Quel sorcier pourrait être assez cruel pour infliger cela à quelqu’un ? Elle ressentait juste l’envie de lui faire de même là, rien d‘autre, de lui faire endurer même ces souffrances jusqu’à ce qu’il expire son dernier souffle... Juste pour lui montrer ce que cela faisait de... Pourtant Lou n’était pas un monstre... Elle songea soudainement à quelque chose. C’était certainement ce qu’Eryn avait ressenti oui. Retrouver coûte que coûte celui qui avait fait cela, le lui faire payer... Les mots enceinte et très faible lui parvinrent aussitôt, la heurtant de plein fouet. Quoi?! Si la situation n’avait pas été aussi tragique, elle aurait certainement rit en se souvenant à ce moment précis - avec une clarté presque surprenante d’ailleurs - les paroles qu’Eryn lui avait dit en lui soutenant que jamais elle ne serait mère. Comme quoi Lou avait eu raison... (Lou avait toujours raison ). Elle s’était laissée tentée. Enfin, cela aurait pu ressembler à un conte de fée heureux si la finalité n’en avait pas été aussi tragique. Enceinte et très faible ? Elle s’était enfuie ainsi, prête à se battre en se sachant enceinte ?... Ou l’ignorait-elle ? Elle n’aurait pas été mettre en danger sa vie ainsi que celle de son enfant, n’est-ce pas? Cet enfant qui serait le seul lien aujourd’hui qu’elle avait avec son époux défunt. No, c’était complètement improbable... Ou alors était-elle tellement désespérée qu’elle se fichait des conséquences et de mettre en danger son enfant tant qu’elle vengeait la mort de son mari ?

Trop de questions, trop de doutes hantaient son esprit, elle avait envie de se prendre la tête à deux mains pour parvenir à tirer cela au clair, enfin du moins à réfléchir... Elle aurait juste voulu en tous cas se retrouver un peu seule chez elle. Peut-être qu’elle arriverait mieux à se retrouver dans ses pensées qui ne lui semblaient qu’embrouillées.

L’Auror lui posa ensuite tout un tas de questions. Sur Eryn, sur Jackson, sur eux deux ; s’ils s’entendaient bien, s’il y avait des raisons de disputes quelconques entre eux... Alors, c’était bien cela, il soupçonnait Eryn capable de ce meurtre tout à fait exécrable, capable de cette ignominie. Dans un meurtre conjugual il était certain que l’on soupçonnait toujours le conjoint, mais bon justement parfois cela enfin faisait de ‘trop’ bons coupables. La jeune femme sentit instantanement son regard s’assombrir. Comme des effluves remontant d’un passé lointain - trop - elle se souvint du dernier jour où elles s’étaient vues, et quelques jours auparavant... La joie débordante de son amie qu’elle avait presque convoitée ; il n’y avait aucun doute qu’elle était plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été, bien que la seule ombre était sans doute celle de quitter les autres personnes qui lui étaient chères. Mais s’il y avait eu quelque chose entre Jackson et elle, Lou était persuadée qu’elle l’aurait au moins devinée... Et elle ne lui aurait jamais caché cela, si ? Non elle était convaincue qu’elle n’aurait pas été capable de feindre de filer le parfait bonheur avec Jackson. “Si elle a des raisons de se cacher à l’heure qu’il est, c’est certainement parce qu’elle est convaincue qu’on l’accuserait du meurtre de son mari comme j’en ai bien l’impression à l’instant...” Elle avait parlé d’un ton volontairement sec, presque à contrecoeur, mais pas de sa faute si sa confiance en cela était entière même après un an et demi, même si elle se demandait pourquoi Eryn ne l’avait pas contactée depuis... C’était juste parfaitement impossible d’imaginer Eryn en meurtrière... Du moins de l’imaginer en train de tuer la personne qui lui étaient le plus chère, même dans un accès de colère. Elle ne voyait même pas Eryn se mettre en colère contre Jackson ; enfin pas méchamment du moins, ou juste pour s’amuser. Lou n’avait pas vu les photos, et elle ne voulait d’ailleurs pas les voir, mais s’il y avait une chose sur laquelle elle était prête à jurer, c’était celle-là. “Il vous reste à savoir si elle se cache parce qu’elle est coupable ou qu’elle a peur ?”, répéta t-elle lentement et avec la sensation d’avaler du papier mâché tandis qu’elle parlait... “ A moins qu’il y ait une troisième alternative. Se venger, mais apparemment vous n’avez pas même imaginé ce côté de la chose ? ” Évidemment, elle savait que se mettre elle-même à pourchasser les meurtriers de son mari, c’était se mettre coupable elle-même de meurtres potentiels, et que les Aurors pourraient l’arrêter juste pour cela, même si la raison profonde en était noble et juste. Même si elle savait qu’elle pourrait aller à Azkaban pour simplement avoir voulu faire justice ele-même. Mais il fallait se demander jusqu’où était capable de nous pousser la passion ? L’Amour est parfois un feu aussi destructeur que la haine. Elle savait cependant qu’il avait évidemment besoin de retrouver Eryn, qu’elle était un élément capitale dans cette enquête. Pour le moment Lou ne savait rien... Qu’en serait-il cependant si elle découvrait des éléments ? Par contre elle trouva très bas la fin de sa phrase. La menace que si elle lui mentait il la ferait arrêter ; ça elle n’en doutait pas il en avait le droit, mais c’était vraiment bas quand même comme moyen d’intimidation...

“Je crains alors de ne pas beaucoup vous aider sur ce que je vais répondre ensuite puisque je n’ai eu aucune prise de contact avec Eryn depuis un an et demi environ...”, lâcha t-elle gravement et d’un ton qu’on ne pouvait soupçonner comme n’étant pas sincère, et avec une nette déception cependant dans la voix. Elle aurait en effet préféré avoir eu des nouvelles, et pas par le biais d’Auror, mais les faits étaient là : Eryn n’avait pas voulu la mettre dans la confidence. “C’est la vérité”.

Du ton le plus ferme qu’elle put rassembler en elle et désirant d’ores et déjà éclaircir quelques détails sur lesquels elle ne démentirait jamais, elle ajouta pour finir, ancrant fermement son regard dans le sien pour soutenir que, quand bien même il pourrait trouver toutes les preuves de la culpabilité d’Eryn, elle continuerait à le nier sincèrement : “Je puis cependant vous certifier qu’Eryn n’aurait jamais tué son mari. Pour tout l’or du monde elle l’aimait profondément, et il n’y a aucun doute que ce n’était pas réciproque. Pour vous répondre sincèrement, non, elle ne m’a parlé d’aucunes disputes d’aucun genres. Je me souviens étonnamment de la dernière fois où je l’ai vue, quelques jours avant qu’ils ne partent en voyage de noce. Eryn respirait le plus parfait bonheur, jamais je ne l’avait vu ainsi... S’il y avait eu quoique ce soit, si elle s’était disputée avec Jackson le matin même ou quelques jours auparavant, je suis persuadée que je l’aurai remarqué, je suis convaincue qu’elle n’aurait pu me le cacher... Même en ne disant rien, je suis persuadée que je l’aurai vu. Vous savez ce qu’est l’amitié ? Vous devez certainement comprendre... Eryn était comme une soeur pour moi ; enfin, elle l’est, ou était, peu importe... Vous savez ce que cela signifie ? Soeurs. Non, s’il y avait eu le moindre problème, je l’aurai remarqué j’en suis intimement convaincue... Et tout chez elle respirait le plus parfait bonheur, rien de telle qu’une dispute ou autre chose qui n’allait pas, ne pouvait se produire entre eux, non, ils étaient juste faits l’un pour l’autre... Des âmes soeurs... Elle n’aurait jamais pu le tuer ! La seule chose qu’elle regrettait sûrement c’était de devoir s’éloigner des êtres à qui elle tenait le plus, mais Jackson était tout pour elle. C’est une chose qui se sent même si elle n’est pas dite. Et si en ce moment elle se cache, ce n’est sûrement pas tant du ministère que du meurtrier de son époux... Et j’espère que vous le retrouverez à temps... Parce qu’elle n’était pas certaine que si Eryn ne le trouvait pas avant, elle le laisserait en entier... Enfin, étrangement, elle souhaitait même que ce soit Eryn qui le retrouve la première, si jamais c’était la raison de sa cavale... “Si elle a peur d’une chose, c’est certainement de ne pas réussir à venger la mort de son mari et que vous l’arrêtiez avant”

Elle ne cherchait pas à le convaincre de quoique ce soit, ni à faire l’éloge d’Eryn, elle parlait simplement avec ce qu’elle sentait comme au plus profond d’elle-même. Et elle espérait l'avoir convaincue en cela.

Mais elle admettait qu’il avait raison sur un point. Il fallait retrouver absolument Eryn... Elle était enceinte.... Son bébé était-il né ? Comment pouvait-elle vivre ainsi en cavale ?! Non, il fallait la retrouver à tous prix...