La journée avait été parfaite pour tout le monde. Alors naturellement, Clovis était déprimé.
Ca avait commencé en cours de potions. Glen et Lila s'étaient mis en binome pour l'exercice pratique et avaient gloussé pendant toute l'expérience, obtenant en prime un résultat correct. Clovis avait eu envie de préparer un philtre de Mort Vivante et de les leur faire ingurgiter. Et cette envie s'était décuplée lorsque Glen lui avait fait un petit signe de la tête en guise de félicitations lorsque lui et Malcolm Pace, un Serdaigle, avaient réussi leur potion. Mais Clovis s'était contenté de lui sourire en retour. Stupide Clovis. Le pire ? C'est que son sourire était sincère. Il se dégoutait lui-même.
Il n'avait rien quasiment rien fait, en plus, dans l'exercice pratique. Mais Malcolm s'en fichait. En Serdaigle fier, il n'avait eu aucun problème à tout faire et réussir.
Cette magnifique journée s'était poursuivie lors du déjeuner. Les hiboux étaient arrivés avec le courrier et Clovis reçut les habituels mots gentils de sa mère qui n'arrivait pas à lui parler normalement depuis la tragédie. Plus Clovis était exaspéré, plus sa mère était gentille, et plus ça l'exaspérait. Le comble de cette formidable lettre, c'est qu'elle était aussi adressée à Pearl, qu'elle complimentait et félicitait pour quelques récentes notes. Clovis se sentit obligé de la lui lire, et la gryffondor, toute heureuse, s'empressa de lui répondre avant d'embrasser son copain et de commenter Elle est adorable, je comprends de qui tu tiens.
Clovis était resté pensif en regardant Lila embrasser Glen. Peut être que sa mère à lui l'avait complimenté aussi. Cette pensée lui fit détester la mère de Glen.
L'après-midi, la séance de Quidditch opposant les classes de Serpentard et Poufsouffle avait été transformée en règlements de comptes entre deux garçons des deux maisons. Si Clovis s'en fichait royalement (c'était même sans doute le détail le moins insupportable et le moins incompatible avec son humeur), il avait détesté les regards en coin de ses camarades qui avaient pitié de lui, sans doute en se rappelant que Clovis avait fait partie des gens harcélés par certains Serpentard de ce genre. Même lorsqu'il n'était plus au centre de l'humiliation, elle continuait derrière, discrètement, indirectement.
Le professeur avait fini par calmer le jeu et relancer le match. Serpentard avait gagné, et il fallait dire que Clovis ne s'était pas vraiment battu pour l'équipe.
En sommes, magnifique journée : Lila et Glen sont plus amoureux que jamais, sa maman pense à lui et à sa copine, cette dernière l'adore tout autant, et ses amis compatissaient à son état.
Clovis avait envie de s'isoler et de pleurer.
Il n'y avait pas beaucoup d'occasions à Poudlard durant lesquelles on pouvait réellement s'isoler et se garantir un calme total sans perturbateur. Il y en avait, mais il fallait les saisir au bon moment. Le parc de Poudlard durant les matchs officiels de l'école de Quidditch. Les alentours de la Cabane Hurlante (nul besoin de s'approcher, même à distance, il n'y avait pas beaucoup d'élèves). Les toilettes des filles (oui, étrange, mais entre le fantôme de Mimi Geignarde qui les hantait et l'entrée de la Chambre des Secrets au milieu de la pièce... les seuls qui s'y rendaient fut un temps n'étaient même plus élèves). Mais aussi... le château durant la nuit.
C'était évidemment strictement interdit. D'ailleurs, les tableaux des couloirs étaient très attachés à leur sommeil tout en l'ayant léger, et si d'aventure quelqu'un les réveillait avec un bruit de pas ou la lueur d'un Lumos, ils ne manqueraient pas de pester et, le lendemain, d'en informer Severus Rogue ou Minerva McGonnagal. Mais, justement, ça rendait le château particulièrement agréable lorsqu'on voulait être isolé du reste du monde sans se faire prendre.
Alors, bien sûr, Clovis avait évité les couloirs et les pièces trop évidentes, mais il y en avait une qui lui permettrait de s'asseoir quelques heures et de se laisser aller à ses pensées comme il le souhaitait : la bibliothèque. Il s'y rendait de temps en temps et lisait davantage par curiosité que par necessité, et la lecture, au moins, avait le mérite d'occuper cet esprit qui s'échauffait beaucoup trop lorsqu'on le laissait faire.
La nuit, de plus, avait pour avantage de n'avoir personne pour surveiller un sixième année comme Clovis essayant de lire les livres de la Réserve, section strictement interdite, à part, éventuellement, sous autorisation d'un professeur pour un dernier année. C'était donc naturellement dans ces sections qu'il s'était rendu.
Au début, il s'était juste assis, et avait soufflé. La journée avait mis son mental à rude épreuve. Il ne pleura pas mais son expiration paraissait tremblante par moment. Puis, il avait pris quelques livres. Sur la table devant lui étaient ouverts "Les Potions de grands pouvoirs" ; "Des Grandes Noirceurs de la magie"; "Le Livre des Sorts"; "Démons du XVe siècle"; et enfin, devant lui, un ouvrage contant l'oeuvre de Nicolas Flamel dont la Pierre Philosophale pinçait tristement le coeur de Clovis.
Au bout de quelques heures, il se demanda si finalement ce qu'il faisait l'aidait réellement à se sentir mieux après une journée aussi déprimante. Et alors qu'il envisageait de ranger tous les livres, il entendit du bruit.
Nox, fit-il furtivement pour éteindre sa baguette, le coeur palpitant.
Il ferma les yeux en entendant quelqu'un s'approcher. Il imaginait déjà ses camarades Poufsouffle lui reprocher de leur faire perdre encore plus de points, avec les Serpentard qui les dépassaient déjà surement de loin et encore davantage depuis le Quidditch durant lequel Clovis n'avait pas brillé par son implication.
Il regarda les livres sur le bureau, et se dit qu'il avait peut être le temps de les ranger pour alléger son cas ? Mais il n'avait pas encore bougé que la silhouette d'Hermione Granger se dessina à l'entrée du rayon. Clovis soupira. Il fallait que ce soit elle : nouvellement assistante d'un professeur, anciennement élève la plus sérieuse et à cheval sur les règles... amie d'Harry Potter que Clovis ne portait absolument pas dans son coeur.
Il n'allait sans doute pas passer une nuit agréable, se dit-il. Hermione allait sans doute la livrer au Professeur Chourave, ou pire, au nouveau directeur de Poudlard dont Clovis n'arrivait même pas à retenir le nom.