Depuis la fin de la guerre et la chute de Voldemort, j’avais décidé de faire profil bas, de mettre mes instincts meurtriers de côtés. Ce n’était pas facile. Surtout quand mon chemin croisait celui d’une charmante demoiselle. Des pulsions, des images sanglantes, m’envahissaient. Mais j’avais pris l’habitude de maîtriser tout ça. Pour les moldus, j’étais juste plus grognon et taciturne que d’ordinaire. Quels idiots ! Si seulement ils savaient ce dont j’étais capable et ce qu’il me traversait l’esprit quand je m’adressais à eux. Quant aux sorciers… J’avais préféré prendre du recul par rapport au monde magique. Laisser retomber la pression et surtout me la jouer discrète. Ils étaient rares ceux qui savaient que j’avais œuvré pour le Seigneur des Ténèbres. Non pas que j’adhérais à ses idées mégalomaniaques, mais il m’avait donné une bonne excuse pour tuer sans vergogne. Malheureusement, il avait été vaincu par un gamin. Décidément, il n’avait pas le niveau que j’espérais. Il avait vu trop grand et c’était affaibli par la même occasion. Je ne commettrais pas la même erreur. Je laissais donc les Mangemorts encore libres se démerder avec les Aurors qui les pourchassaient. Pour ma part, j’attendais mon heure dans l’ombre. J’en profitais pour me noyer dans le travail. Même si cela n’était pas des plus passionnant.

J’avais eu la visite de l’inspecteur Callahan un peu plus tôt dans la journée. Il faisait partie d’une nouvelle unité qui avait pour responsabilité de résoudre des vieux crimes toujours pas résolus. Pour ma part, j’avais déjà ma petite idée sur l’origine de ces meurtres. Certainement des sorciers pour que ces imbéciles de flics ne parviennent pas à trouver le coupable. Mais Cillian avait l’air d’être un peu au-dessus du lot. Sur les quelques affaires où j’ai dû travailler avec lui il m’avait semblé avoir l’esprit un peu plus affûté, l’œil plus vif. Étrangement, j’éprouvais une sorte de respect envers lui. C’était pour ça que je lui avais dit que je passais son dossier en priorité. Même si au bout de vingt ans, je doutais qu’il y ait urgence. Une fois le grand blond parti, j’avais donc entrepris des analyses préliminaires sur la pièce à conviction qu’il m’avait déposé. Après quelques heures de travail et d’attente, j’avais obtenu un résultat positif, bien que surprenant. Je l’avais donc contacté pour lui annoncer la nouvelle. Mais il me proposa d’en parler autour d’un verre. J’avais senti une certaine lassitude dans sa voix. Après une courte hésitation et l’assurance qu’il allait payer une tournée ou deux, je finis par accepter.

Je rejoignis donc le bar où il m’attendait, le dossier dans une poche. Lorsque je garais ma moto devant l’établissement, je ne pus retenir un petit sourire en coin. L’endroit ne payait pas de mine et était plutôt lugubre dans un sens. Ça plaisait bien. Je poussais la porte et jetais un coup d’œil dans la salle. Avisant celui que je cherchais, je me frayais un chemin entre les tables sans même un regard pour les autres clients attablés. Je me foutais royalement de leur présence. Ce n’était que des gens sans importance. Juste de la chair bonne à torturer. Un léger sourire carnassier étira mes lèvres. Je m’installais donc sur la chaise de l’autre côté de la table et posais le dossier sur la table légèrement poisseuse. Je commandais un whisky avant de porter mon attention sur mon interlocuteur.

« Bon, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. »

Lançais-je sans ambages. Je n’étais pas du genre à tourner autour du pot. J’étais là pour parler d’un dossier pas pour sociabiliser.