Erreur sur la personne

Tant de choses avaient changés au cours de la vie du bel Eliott ces derniers temps, qu’il en venait parfois à se demander si il était bel et bien encore lui-même. Pourtant, quand il se regardait dans le miroir il voyait le même homme, les même cheveux à la limite du roux, les même yeux mi bleus, mi vers, le même sourire qui lui venait de son père… Depuis sa sortie de l’école de sorcellerie Canadienne, sa destiné lui avait toujours semblait claire, et toute tracé depuis son plus jeune âge. Il serait un grand joueur de Quiditch de l’équipe de Météorites de Moose Jaw et épouserait Emma Marie Connor. Et puis il y a un mois tout avait basculé… Cette femme qu’il aimait pourtant depuis de nombreuses années… Il l’avait abandonné en annulant leur mariage et il était certain, ou presque qu’il avait du la détruire en faisant cela. Il aurait tellement aimé que cela ne se termine autrement. Mais qu’aurait-il pu lui dire? Qu’il était allé dans une boîte gay et qu’il avait eu un coup de foudre pour un homme qu’il avait juste aperçu, alors que depuis qu’il était en âge de séduire, il avait toujours eu de nombreuses petites amies? Ca aurait probablement été encore pire pour elle… Il avait sans doute pris la bonne décision. Du moins, il l’espérait.


Mais pour l’instant, il ne devait pas penser à ça. Dans une heure commencerait un match de quiditch important contre l’équipe nationale d’Irlande et il ne devait pas se déconcentrer avant un tel événement. Dans une heure, ses soucis devraient être loin de son esprit, il ne devrait pensé plus qu’à une chose. Faire son travail de Poursuiveur. Le jeune Canadien entra doucement dans la cabine de douche de la chambre d’hôtel qu’il louait à Londres. Il resta plusieurs longues dizaines de minutes sous l’eau chaude puis transplana rapidement dans les vestiaires que son équipe occupait au stade. Il enfila rapidement son uniforme, nettoya une dernière fois son balais en vérifiant une trentaine de fois si il était bien en état de marche, puis le capitaine de l’équipe commença à donner ses consignes pour le match. La dernière fois, ils avaient gagnés contre cette équipe et il était donc hors de question de perdre cette fois ci. Jusque là, tout était logique, après tout, on ne les payait pas plusieurs milliers de galion par match et pour les interview si c’était pour être mauvais sur le terrain. On était pas dans un match de l’équipe française de football, un sport moldu qui semblait passionner les foules.


Finalement, le match commença dans de bonnes conditions. Les supporters étaient certes agités, mais pas dans le sens de violent. Les joueurs de l’équipe Canadienne firent donc leur entrée sur leur balais sous un tonnerre de cris d’encouragement. C’était pour cela qu’il faisait ce métier, pour faire rêver les gens, pour leur donner envie de revenir, pour que les petits garçons présent dans ce stade, comme lui l’avait fait à leur âge , disent à leur parents: «  Maman, Papa, c’est ça que je veux faire plus tard.  » Il avait bien réussi à réaliser son rêve, alors pourquoi ces enfants n’y parviendraient-ils pas? Le match commença alors. Le jeune homme ne quittait tout simplement pas le souafle des yeux. C’est alors que quelque chose le déconcentra. Dans le public. Il cru voir cet homme qui lui avait fait tout plaqué alors qu’ils ne se connaissaient même pas. Le quiditch est un sport où la moindre minute d’inattention pouvait être fatale au joueur. Et ce fut le cas pour Eliott. Cet instant suffit à provoquer sa chute de plusieurs mètres de haut.

Le match fut immédiatement arrêté. Des soigneurs se précipitèrent sur le jeune homme pour vérifier son état de santé. Et actuellement, Eliott ne pensait plus vraiment au bel âtre de ses rêves. La seule chose qu’il savait c’est qu’il avait drôlement mal au crâne et à la jambe. D’ailleurs, il n’était même plus certain de sentir réellement sa jambe. Rapidement, on l’installa sur un brancard sorcier en continuant de lui parler. Ignorant ce qu’il avait exactement, il valait mieux le garder éveiller. Déjà, son visage n’avait pas été abîmé et cela sembla être un immense soulagement pour son entraineur. Bah oui, il vendrait plus difficilement ses produits dérivés avec un balafrés dessus. Ce qui plaisait aux filles c’était le côté, gendre idéal mais pas trop du jeune homme. Et il était hors de question que quelque chose ne change cela. Rapidement, le jeune homme fut transporté à Ste Mangouste, il avait beau avoir l’air de n’avoir rien de grave, il avait au mieux une simple jambe cassé et un examen médical plus poussé permettrait surtout de savoir quand est-ce qu’il pourrait reprendre le sport.

Il arriva à l’hôpital. Il signa quelques autographes comme il le pu puis fut emmené dans une chambre Et peu de temps après, ce fut un médicomage un peu particulier qui vint le rejoindre Non pas dans le sens où il était étrange mais plutôt dans celui où il semblait être la copie conforme de ce mec pour qui il avait fondu en boîte … Mais étrangement, son cœur ne battait pas aussi vite que l’autre jour. Bizarre… Pourtant, il en était certain. C’était forcément lui.

  «  Ne vous en faites pas. J’en ai vue d’autres depuis mes premiers pas sur un balais. »

Il offrit un doux sourire au jeune homme, puis ne pu s’empêché de demander d’une voix à la fois douce et sensuelle, cette voix qui avait fait sa renommé auprès des fans féminines:

  «  Dites… Vous fréquentez les boites gays des Etats-Unis? … J’ai l’impression, non, je suis certain de vous y avoir déjà vu… Au fait, je vous en supplie, n’allez pas dire à la presse que je suis gay. L’annulation de mon mariage a déjà fait assez de bruit… »

James se sentait un peu mal à l’aise de voir comment son patient le fixait, généralement les gens le regardaient quelques secondes et se rendant compte qu’ils étaient restés coincés sur lui, détournaient les yeux, et lui, faisait semblant de ne rien avoir vu (bon ok, la moitié du temps il ne voyait vraiment rien, mais ça ne changeait rien aux faits… !). Mais là le jeune joueur de Quidditch ne semblait pas gêné de le regarder comme ça, et ce fut James qui se força à détourner son regard pour éviter que ses joues ne rosissent encore un peu plus. Le joueur avait l’air un peu… Particulier. James n’aurait su le dire autrement. Enfin il fut quand même rassuré quand il l’entendit répondre, il allait peut-être peu à peu sortir de sa torpeur.

James se contenta de hocher la tête et de continuer son rapide examen de la jambe du patient. Il passait encore sa baguette près de la jambe blessée du jeune homme quand celui-ci recommença à parler, faisant littéralement tressaillir James. Pardon ? Il avait mal entendu ? Il sursauta légèrement en s’écartant et laissa tomber sa baguette par terre, malgré ses efforts maladroits pour la rattraper avant qu’elle ne heurte le sol. Il grimaça, évitant le regard du jeune homme et prétendant qu’il n’avait pas entendu sa question, se baissa pour ramasser sa baguette et se mit à la triturer dans tous les sens une fois de nouveau relevé. Uhm, comment dire…

« Moi ? Non non non… Non… Non… » Répéta-t-il comme si c’était à peu près le seul mot qu’il arrivait à prononcer. Il secouait la tête de gauche à droite pour appuyer encore un peu ses paroles tandis qu’il se demandait comment il avait bien pu deviner qu’il était gay. Quoi ? C’était écrit sur son front ? Non ! Il l’avait vu avec Andrew. Oh purée sa vie était foutueeee ! Il était encore entrain de paniquer intérieurement quand il pensa enfin à répondre clairement à la question que lui posait le patient. Il n’avait pas particulièrement envie de s’enfoncer encore un peu plus dans l’embarras mais quand on lui posait une question, il ne savait pas faire autrement que d’y répondre. « Je veux dire, uhm, non. Ça ne devait pas être moi je ne fréquente pas ces… Uhm… Endroits. Et puis je ne suis pas gay. Je suis parfaitement hétéro... » Il détourna les yeux en rougissant et se mordit doucement la lèvre inférieure, se forçant à prendre un petit air innocent. Bon dieu qu’il était mauvais menteur quand même mais en tout cas il n’était réellement jamais allé dans une boîte gay, et encore moins aux Etats-Unis, il s’en serait souvenu. Enfin ce genre d’endroit il les évitait depuis sa dernière expérience dans une boîte de strip-tease. Il en faisait encore des cauchemars parfois… Se rendant compte qu’il avait complètement été déstabilisé par la question du patient, il arrêta de triturer sa baguette et reprit son examen, les mains tremblant légèrement sans qu’il ne réussisse à les calmer.

« Enfin bref. » Il se racla la gorge comme pour l’aider à reprendre contenance. « Ce n’était pas moi. » Il lança un petit sourire en coin hésitant au patient avant de se souvenir qu’il avait parlé de son mariage annulé. James ne lisait jamais la presse et n’était jamais au courant de rien, mais il saisit l’opportunité de retrouver pied. Il avait bien assez pédalé dans la semoule comme ça pour aujourd’hui. « Ne vous inquiétez pas je ne dirais rien à la presse, ce n’est pas mon genre. » Il lui lança un sourire un peu plus franc, commençant à se demander si c’était normal qu’il ait l’impression d’être un véritable aimant à gay ces derniers temps… Il n’y avait jamais vraiment fait attention en vrai mais il avait l’impression qu’il en connaissait de plus en plus. C’était surement lui qui hallucinait. Il continua à examiner la jambe du jeune homme en gardant le silence, histoire de ne pas s’enfoncer encore un peu plus dans l’embarras. Généralement il trouvait toujours quelque chose à dire, en toutes circonstances, mais celle-là on ne lui avait encore jamais fait et il n’était pas encore assez à l’aise avec « ça » pour qu’il ne trouve pas l’ambiance encore un peu étrange.

« Vous avez bien la jambe cassée. Je vais vous arranger ça mais vous allez devoir passer la nuit ici, histoire que votre jambe se repose. » Il lança un nouveau petit sourire en coin au jeune homme avant d’aller chercher une potion dans une armoire un peu plus loin. Il la tendit au patient pour qu’il la boive, alla chercher un tabouret qu’il plaça à côté du lit et s’assit dessus. Il attendit que le jeune homme ait but la potion qui était censée atténuer la douleur pendant que James soignait sa jambe et ce dernier posa doucement sa baguette sur la fameuse blessure.

« Mais racontez-moi plutôt, comment est-ce que vous êtes tombé ? Il parait que vous êtes un très bon joueur pourtant… » James aimait parler avec ses patients, et même s’il sentait que celui-ci avait le don de le mettre mal à l’aise, il avait quand même décidé d’engager la conversation, en partie parce qu’il était curieux de nature, et en partie parce que parler allait distraire le jeune joueur de la douleur qu’il était sur le point de ressentir. James concentra à nouveau son attention sur la jambe du patient d’un air sérieux, et prononça doucement le début d’une formule sans prendre la peine de prévenir le patient. Ça faisait toujours moins mal quand c’était inattendu c’était bien connu.

Pourquoi fallait-il qu'il tombe sur lui alors qu'il devait avoir l'air d'un parfait imbécile incapable de tenir sur son balais... Cela risquait de le griller à vie auprès du jeune homme... Et il espérait bien avoir ses chances malgré tout cela. Ce jeune homme était beaucoup trop beau et craquant pour qu'une simple jambe cassée ne gâche tout. Mais pour éviter de griller toutes ses chances, il faudrait peut-être qu'il se décide à arrêter de le fixer comme si il s'agissait d'un individu tout droit débarquer de Mars. Parce que si c'était ça cela que ressemblait les fameux Martiens, alors Eliott voulait bien allez vivre sur cette planète. Mais actuellement, il fallait qu'il se réveille et réagisse. Sinon, c'était lui qui allait avoir l'air idiot.

Finalement, le jeune homme avait réussi à parler. Et il se retrouvait en train de subir un examen médicale de la jambe fait par l'homme qu'il pensait être celui pour lequel il craquait littéralement. Mais pourquoi ne ressentait-il pas cette sensation qu'il avait ressentit la première fois qu'il l'avait aperçu? C'était étrange. Alors il aurait tout plaqué uniquement parce qu'il avait eu peur de se marier? Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Le jeune homme en venait même à se demander si finalement, sa tête n'avait pas davantage souffert que sa jambe dans cette fichue histoire. Il ne savait plus vraiment où il en était et ça commençait à l'énerver. Puis notre bel Eliott avait posé sa question... Et visiblement il avait causé un drame chez le jeune médicomage.

" Oh... Pardon alors... Je .... Pardon. Je ne voulais pas ... " Oui, c'était aussi un léger défaut de notre joueur professionnel. Quand il voyait qu'il avait mis quelqu'un très mal à l'aise, il avait tendance à vouloir se rattraper à tout prix, voir, se faire pardonner et même si la personne en question était un parfait inconnu, au combien séduisant. S'il n'avait cru l'apercevoir dans cette boîte de nuit quelques mois auparavant, il n'aurait probablement jamais suspecté cet Apollon d'être gay. Mais voilà, il était certain que cet homme était celui qu'il avait vu. Ou alors il était son frère jumeau. C'était aussi une solution possible non? Il l'écouta avant de répondre: " Oh mais je vous crois! Je suis désolé de vous avoir importuné jeune homme. Vraiment désolé. Ce n'était pas mon intention. J'ai du vous confondre avec quelqu'un d'autre. " Il tenta un petit sourire pour lui montrer sa gêne et surtout pour s'excuser. Il détestait mettre les gens mal à l'aise mais d'un autre côté, il avait toujours été quelqu'un de direct, et il aurait été trop compliqué pour lui de faire comme si de rien était alors que cet homme était le clone de son fantasme... Étrange tout de même comme situation. Mais après tout, annulé son mariage pour une rencontre due au hasard était aussi quelque chose d'étrange, alors il n'était vraiment plus à ça prêt. Puis de toute façon, depuis qu'il avait réalisé combien un certain homme pouvait éveillé de désir en lui, plus rien ne le surprenait.

" J'ai bien compris. Ne vous en faites pas. " Il lui fit un petit clin d'oeil comme pour lui signifier une nouvelle fois combien il était désolé, et surtout, que cet " incident" resterait entre eux et ne quitterait pas les murs de cette chambre d'hôpital. Cela serait probablement contraignant pour l'un comme pour l'autre, alors autant gardé cela pour eux. C'était très bien comme ça. Il reprit de son ténor doux et sensuel:" Merci beaucoup. Je ne suis pas gay vous savez, enfin je crois que je ne le suis pas, en fait je n'en sais strictement rien. Mais cela ficherait un coup à ma carrière et à celle de l'équipe si ça devait être le cas, ou si une quelconque rumeur à ce sujet venait à circuler." Il lui offrit un nouveau sourire qui cette fois montrait clairement qu'il lui était très reconnaissant. Son homosexualité était une chose, qu'il n'assumait pas encore bien, et cela malgré l'aide de l'un de ses amis. Mais de toute façon, même si il devait être amené à l'assumé quand il aurait retrouvé l'homme de ses rêves, qui visiblement n'était pas celui qu'il avait en face de lui, cela ferait probablement beaucoup de bruit dans la presse sorcière et cela n'assurait rien de bon, que ce soit pour sa vie privé ou pour sa carrière et celle de l'équipe. Décidément, quand quelque chose allait mal, tout allait mal. Mais Eliott se souvint d'une phrase que lui avait souvent répétée Emma, quand tout va mal, il y a forcément quelque chose qui va bien. Le tout est de le trouver. Il risquait d'avoir du boulot.

" Vous pensez que je pourrais monté sur un balais d'ici combien de temps? C'est comme ça que je gagne ma vie vous savez. " Oui bon d'accord, vue le montant de son salaire, il pouvait bien s'accorder un mois ou deux de repos si cela était nécessaire, mais son métier lui plaisait bien quand même.... Il attrapa la fiole de potion, l'ouvrit et la bu d'une seule traite, pas forcément très bon, mais il avait l'habitude des anti douleurs et il savait que boire quelque chose au goût immonde était plus agréable que de sentir une jambe cassée se faire manipulée sans antalgique.

" C'est ce qu'on dit. Mais j'ai été... Quelques peu déconcentré par quelqu'un du public. Je ne sais pas pourquoi, mais ... Et un cognard ou un souafle, je ne sais plus... est entré en collision avec mon balais. Ensuite, je me suis réveillée sur le sol du terrain... " C'était une erreur de débutant, et il en avait parfaitement conscience, mais il était certain de l'avoir vu dans le public... Il avait même sentit son cœur faire ce raté si particulier qu'il avait eu la première fois qu'il l'avait vue, la veille de son ancien mariage... Puis sans qu'il ne s'y attende, le jeune homme sentit une douleur vive dans sa jambe. Pour le coup, aussi charmant était son médicomage, il l'aurait bien étranglé sur place.

" Arretez ça tout de suite! Ca fait mal!"

James avait la naïve impression que le moment de gêne qu’avaient entrainées les réflexions du jeune homme était passé. Il avait réussit à relancer la conversation non ? Mais quand son patient commença à se défendre sur sa prétendue homosexualité, James sentit ses joues se rosirent légèrement. C’était lui ou bien le sujet n’arrêtait pas de revenir sur le tapis depuis qu’il s’était découvert une attirance envers les hommes ? En tout cas, lui en entendait trop parler autour de lui et ça le mettait mal à l’aise, il aurait aimé qu’on arrête d’en parler. Peut-être commençait-il enfin à envisager la possibilité qu’être attiré par les hommes quand on en est un soi-même n’est pas un crime en soi… Dans tous les cas il tenta de se reconcentrer sur son patient blessé plutôt que de se laisser distraire par ses « problèmes » personnels. L’orientation sexuelle du joueur ne l’intéressait pas, ça le mettait juste extrêmement mal à l’aise de voir Eliott se défendre comme s’il avait peur que James, entre tous, le juge. C’était bien mal le connaître.

« Ne vous inquiétez pas. » Répéta-t-il en lançant un sourire rassurant au jeune homme. « Ça ne sortira pas de cette chambre. » Décidant de faire comme si le sujet n’avait jamais été abordé, James se concentra sur la blessure du jeune homme et reprit enfin une attitude plus professionnelle, sentant son assurance revenir au fur et à mesure. Il alla même jusqu’à rire légèrement quand Eliott lui demanda quand il pourrait rejouer. Il en voyait souvent des fans de sport blessés et ils avaient tous la même question à la bouche. James, bien qu’un peu sportif, c’était toujours demandé si les sportifs de haut niveau n’étaient pas masochistes pour vouloir recommencer dans la foulée quelque chose qui était responsable de leur séjour à l’hôpital. Enfin il trouvait plus ça drôle qu’autre chose.

« Vous devriez être apte à jouer dans deux-trois jours, si vous ne vous amusez pas à essayer de rejouer avant. Il faut juste laisser à votre os le temps de se remettre parfaitement en place et si jamais vous refaites une chute, même minime, avant qu’il n’en ait eut le temps, vous serez bon pour tout recommencer. » Il avait l’habitude de faire ce même discours moralisateur. C’était toujours la même chose et il savait pourtant que 75% des gens ne tenaient pas compte de ses avertissements et recommençaient à jouer avant que leur blessure ne soit totalement rétablie. Généralement, la moitié de ceux là revenaient à Ste Mangouste dans les deux jours pour exactement la même blessure. Etrange, pas vrai ? « Je suis sur que votre équipe peut se passer de vous quelques jours, sinon vous ne toucherez plus à un balai avant un petit moment… » Il lança un petit sourire en coin au jeune homme avant de lui tendre la potion censée atténuer sa douleur. James avait beau croire aux potions et aux soins magiques, il ne pouvait pas nier que cette potion ci avait généralement plus un effet Placebo qu’autre chose. Enfin, tant que les patients ne le savaient pas, ça marchait toujours, non ?

James écouta ses explications un peu confuses sur la façon dont il avait atterrit à l’hôpital. Et il était professionnel lui ? Et connu apparemment… Enfin James supposait que les erreurs, ça arrivaient à tout le monde, mêmes aux meilleurs. Enfin bon, quand même, se faire déconcentrer par quelqu’un dans le public, fallait être facilement influençable. James, ou l’histoire de la poêle qui se moque du chaudron. Enfin il commença à manipuler doucement la jambe du patient pour vérifier où précisément son os était cassé, qu’il ne passe pas une demi-heure à réparer l’endroit intact de la jambe d’Eliott, ce serait bête. Au moment où il entendit le jeune patient se plaindre d’une douleur à la jambe, James releva les yeux vers lui et lâcha sa jambe, esquissant un léger sourire. Il avait trouvé l’endroit de la blessure.

« Désolé. Je vais attendre trente secondes pour être sur que la potion fasse bien effet. » Il regarda quelques secondes par la fenêtre d’un air à moitié absent en priant pour le fameux effet Placebo. « Ça vous fait encore mal si j’appuie ici… » Dit-il en appuyant à un endroit où il savait que sa jambe était indemne, en partie pour donner confiance au patient. Il savait par expérience qu’un patient qui ne s’attendait pas à avoir mal, avait déjà moins mal que celui qui s’attendait déjà à souffrir le martyr. Comme quoi, l’esprit humain était inexplicable par moment, mais fascinant. En voyant que le jeune homme n’avait pas l’air d’avoir envie de recommencer à hurler à la mort, James prit sa baguette et la déposa doucement sur la jambe du jeune homme, à l’endroit vraiment blessé cette fois-ci. Il lança un regard rassurant à Eliott et recommença à prononcer la formule qu’il avait commencé tout à l’heure. Il ne fallait pas exagérer non plus, la potion devait quand même faire un minimum effet et James était connu à Ste Mangouste pour être l’un des médicomages qui infligeait le moins de souffrance en soignant, Eliott pouvait s’estimer heureux.

« Vous jouez au Quidditch depuis longtemps ? C’est un rêve de gamin je suppose de devenir joueur professionnel… » Il lança un petit sourire en coin au patient pour l’encourager à parler et à ne pas concentrer sur la petite douleur qui devait à présent lui picoter la jambe. James, quant à lui, gardait quasiment constamment ses yeux rivés sur la blessure pour bien rester concentré sur ce qu’il faisait. Il n’avait pas spécialement envie de mal soigner sa jambe, parce que là, bonjour la galère pour réparer les dégâts. Une fois, l’un de ses collègues avait été tellement distrait qu’il avait finit par réparer une jambe cassée en remettant l’os en place à l’envers. James en eut un frisson rien que d’y penser mais il chassa vite de son esprit ces pensées. Concentré ainsi, il avait un visage plus sérieux, neutre et moins niais que d’ordinaire. En un mot, il devait plus ressembler à son frère. Bien sur, c’était inconscient, il ne savait même pas qu’il n’était pas fils unique… « Je me souviens que moi j’ai toujours voulu devenir médicomage. Je ne sais même pas pourquoi, il y a des vocations comme ça je suppose… » Il savait en réalité parfaitement pourquoi il était devenu médicomage. Il avait toujours eut le besoin compulsif d’aider les autres mais dit comme ça, ça faisait trop niais alors il ne le disait que rarement. Il continua à parler pendant encore quelques secondes mais en relevant les yeux vers Eliott, il se rendit compte que celui-ci ne semblait plus l’écouter et il s’arrêta dans son élan. Cherchant à capter son regard, il lui demanda d’un air poliment soucieux « Ça va ? Je ne vous fais pas trop mal au moins. Je ne devrais plus en avoir pour longtemps… » Enfin, tout dépendait de si on considérait deux minutes comme un temps long ou pas…

En réalité, dans le monde dans lequel vivait Eliott, celui de la célébrité, il n’était pas bien vu d’aimer les hommes quand on en était un, et surtout, quand on était un bel homme. En annulant son mariage, il avait déjà perdu certains fans en donnant de lui une image de parfait salaud qui laisse une ravissante blonde seule, la veille du mariage… Alors si maintenant il avouait qu’il préférait les hommes… Certes il gagnerait le cœur de la communauté homosexuel, mais il perdrait celui de la communauté de fans féminines hystériques qui dépensaient un tas d’argent dans les produits dérivés. Autant dire que cela ne plairait pas le moins du monde à l’entraineur… Alors il vivrait comme ça, et si un jour il retrouvait son bel inconnu… Il lui avouerait qu’il était fou de lui, mais surtout ils devraient vivre leur amour loin des projecteurs. Peut-être que dans son monde à lui, James pouvait être gay, mais non, mais pourquoi pensait-il cela? Ce jeune homme lui avait assuré qu’il était hétérosexuel, il n’avait aucune raison de penser le contraire n’est-ce pas? Ce garçon devait être quelqu’un de tout à fait normal, qui devait avoir une charmante fiancée… Une vie comme son ancienne vie quoi. Mais son ancienne vie ne lui manquait pas. Il en était certain. Enfin, ça irait sans doutes mieux quand il aurait retrouvé son bel inconnu….