I Always Will Be There For You [pv William]

Tout c’était si passé vite. Tellement vite qu’elle ne se rappelait même plus si elle avait eu le temps de réagir. Elena ne se sentit même pas sombrer, mais lorsqu’elle rouvrit les yeux quelques heures plus tard, son corps la faisait souffrir le martyre. Elle avait l’impression que sa tête était serrée dans un étau et son bas-ventre la tirait terriblement. Elle essaya de se relever mais c’était peine perdue : des médicomages l’empêchaient de faire le moindre mouvement.

« Vous devez rester tranquille madame. Vous avez perdu beaucoup de sang ! »
« Comment ça du sang ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Ou est-ce que je suis là ? »

Elena recommençait à s’agiter et à vouloir se lever. Elle ne comprenait plus ce qui se passait, elle se sentait perdue, désorientée, elle ne se rappelait pas comment elle était arrivée là et en plus elle avait mal partout.

« Vous êtes à Ste Mangouste depuis hier soir. Vous vous souvenez de l’explosion ?? »

L’explosion ?! Elena cessa de se débattre et essaya de fouiller dans sa mémoire. Et là tout lui revint par flashs. Tout avait commencé quand ils avaient commencé à filer le couple O’Connel à l’Eternity. Tâche qui ne c’était pas trouvé facile quand les videurs avaient refusé l’entrée à William à cause de son âge. Elena avait dû alors joué les bimbos et son stratagème avait parfaitement marché … bien qu’elle ait dû jouer au couple fou amoureux avec William … Ce qui était terriblement embarrassant compte tenu des récents évènements entre eux. Mais ils étaient obligés de devoir jouer le jeu, ce qu’Elena était arrivée à faire – sans trop se forcer par moments - mais William n’avait fait que la repousser. Que croyait-il ? Qu’elle profitait de la situation peut-être ? Elle aurait pu mais ce n’en avait jamais été le cas, elle avait voulu faire le maximum pour être crédible aux yeux des O’Connel. Malheureusement, ce ne fut pas assez puisqu’une semaine plus tard, ils avaient rendez-vous avec eux … Rendez-vous qui était en réalité un piège que leur avaient tendu le couple de mangemorts. Ils voulaient simplement se débarrasser des deux aurors … une bonne fois pour toute !

« Je …. Oui, je m’en souviens. » Sortit-elle la voix enrouée par la fatigue et les larmes qui lui vinrent aux yeux. D’un revers de main, elle les essuya d’un geste rageur. Ces derniers temps, elle avait tendance à être trop émotive : à s’énerver pour une broutille ou à pleurer dès qu’une chose la contrariait et elle avait aussi l’estomac en vrac… un peu comme une intoxication alimentaire mais qui durerait dans le temps.

« Mais il y a autre chose » Continua un médicomage ressemblant à un surfeur australien avec sa peau hâlée et ses cheveux blonds, « L’explosion a vraiment été très forte, du coup, vous avez été ejectée violemment contre un mur et … »

« Et quoi ?? » Pourquoi le médicomage hésitait-t-il soudain. Oui elle avait été éjecter contre un mur et alors ? … « Et William ? Mon collègue ! Il va bien ? Il s’est réveillé ? Je pourrais aller le voir ? »

« Madame ce que je voulais vous dire, c’est que vous avez perdu énormément de sang et que nous n’avons pas pu sauver votre bébé. Je suis désolé »

Elena ne savait plus quoi penser et ne semblait pas avoir enregistré les dernières phrases du médicomage. Elena ne réalisait pas ce qu’on venait de lui apprendre. Elle le regarda dans les yeux et y vit de la pitié, chose qu’elle détestait voir dans les yeux de quelqu’un. Elle sécha les dernières larmes qui coulaient sur ses joues pâles.

« Je veux voir William … Il … Il faut que je me lève ! » Elena tenta de repousser le médicomage qui la retenait, mais plus elle forçait plus son ventre la tirait, et des larmes – ces traitres !! – coulaient le long de ses joues. Elle arrêta bien vite de se débattre et se rallongea en soupirant. « Ça va, j’arrête ! Laissez-moi tranquille s’il-vous-plait ! »

« D’accord. Votre collègue est dans la chambre juste à côté de la votre. Quand le médecin donnera son accord pour des visites et surtout pour vous laisser vous lever, vous pourrez rester autant de temps que vous le souhaitez. »

Elena acquiesça et ferma les yeux pendant quelques secondes et, à peine eut-elle entendu la porte de sa chambre se fermer, elle tira ses draps et entreprit de se lever. William était dans la chambre juste à côté de la sienne. Il lui suffisait d’être discrète, de sortir sans se faire voir et le toujours était joué !!

Seulement, la tache s’avéra plus difficile qu’elle ne l’avait pensé. Elle était affaiblie, beaucoup affaiblie et elle n’était pas sûre que ces jambes la tiennent… même sur un chemin très court. Seulement, elle n’était pas du genre à se décourager. Elle enfila le gilet qui se trouvait juste à côté de son lit et avança lentement vers sa porte. Elle sortit sans faire de bruit et, avec toute la rapidité dont elle était capable, entra dans la chambre. Une fois de plus, ses jambes faillirent la lâcher quand elle découvrit son collègue. Il ne s’était pas réveillé. Et s’il ne se réveillait pas ?! Impossible ! Elena refusait même d’y penser !

« Non, tu n’es pas mort ! Tu n’as pas le droit de mourir ! »

Elena remarqua, une fois assise dans le fauteuil des visiteurs, que l’amulette qui flottait au-dessus du torse de son collègue était encore lumineuse, ce qui signifiait que son cœur battait. L’effort qu’elle venait de fournir l’avait epuisée. Elle se dit qu’elle aurait peut-être dû écouter les médecins et rester dans son lit, mais en même temps, elle détestait rester inactive et elle ne reconnaitrait jamais avoir eu tord.

Elena rapprocha le fauteuil du lit de William et prit sa main inerte dans la sienne. Jamais elle ne se serait permit de faire ce geste mais c’était en quelque sorte pour sentir qu’il était encore vivant. Elle s’affaissa contre le fauteuil et ferma les yeux. Juste pour quelques secondes … juste une seconde …

Une chambre blanche. Une chambre blanche aux murs blanc. Dans le silence de la pièce, l'on pouvait entendre un petit « bip » à un rythme régulier. Dans cette chambre, il y avait deux lits. Deux lits dont un seul était occupé. Dans ce lit il y avait un homme. L'homme avait la tête enrubanné dans un linge blanc et il dormait. Du moins, pour quelqu'un d'extérieur et qui n'aurait pas connaissance de ce qui venait de se passer, il penserait qu'il dormait. En vérité, la réalité était toute autre. La personne allongée dans le lit ne se souvenait plus de rien, et d'ailleurs, pour le moment se souvenir de ce qui avait bien pu se passer était bien la dernière chose qui lui importait.

Il ne savait pas à quel moment tout leur avait échappé. Il ne savait pas et en ce moment même, il n'en avait rien à faire. L'homme, en cet instant présent, luttait contre la mort, il luttait pour se réveiller, mais... Le sommeil dans lequel il semblait plongé était bien plus profond qu'un simple sommeil. Cela faisait plusieurs que cela durait... Plusieurs jours ? En réalité, cela ne faisait que depuis hier qu'il était arrivé là... Un jour... Cela aurait pu faire deux mois ou six mois que ce serait la même chose. Là où cet homme se trouvait, il était bien loin de savoir combien équivalait une minute ou un jour dans le temps. Une heure pouvait bien être égale à une minute... C'était la même chose. Que ce soit une minute ou une heure, c'était l'éternité. Il n'avait même pas conscience du lieu où il se trouvait. Peut-être néanmoins que si on lui avait parlé, il en aurait eu un bref écho dans sa tête... Mais sans comprendre exactement ce qu'on lui disait tellement ces paroles lui paraîtrait loin.

Il était loin. Très loin. Et cela pouvait durer pendant des jours et des jours... Des jours comme des mois, comme des années entières... Depuis hier soir, depuis l'explosion qui les avaient pris par surprise et à laquelle ils ne s'attendaient pas, William Arthur Carter était dans le coma. A ce sujet, les médecins ne pouvaient encore se prononcer. Il pouvait se réveiller d'un instant à l'autre comme il pourrait rester dans le coma durant des années... Il est certain que s'il pouvait avoir un avis là-dessus, William n'aimerait pas l'idée de rester allongé dans un lit à ne rien faire. Surtout en sachant que les responsables de l'explosion courraient toujours dans la nature.

Lorsqu'Elena entra dans sa chambre, il pouvait tout aussi bien encore dormir. Il n'y avait rien qui indiquait qu'il était dans le coma. Les battements de son cœur, retranscrits par la machine à côté du lit, représentait un rythme régulier du cœur. La seule différence était que d'un instant à l'autre ces battements pouvaient se ralentir, puis s'arrêter... De plus l'amulette flottant juste au-dessus de sa poitrine illuminait doucement. Il aurait ainsi pu être simplement endormi. Il n'en était rien... Quand allait-il se réveiller ?

Il était toujours le premier debout. Il passait même parfois toutes les nuits près de son bateau en ne dormant que très peu. Il lui arrivait même de penser à ses enquêtes pendant la nuit, alors que tout le monde dormait. D'habitude, c'était le cas, mais pas aujourd'hui. S'il sentit quelque chose lorsque sa collègue lui prit la main, rien n'aurait pu indiquer qu'il l'avait senti en tous cas. Rien...

C'était étrange de le voir immobile, inactif pour une fois. Pourtant, s'il y avait bien une chose qu'il détestait c'était de ne rester à ne rien faire. Quand des collègues étaient avachis sur leurs fauteuils à ne rien faire, il était le premier à leur en faire la remarque. Il détestait les fainéants... Et là, il était là, allongé, ne bougeait pas... Le seul signe indiquant qu'il était en vie, c'était sa poitrine qui se soulevait encore doucement et cette amulette posée juste dessus qui brillait.

« M... Que faîtes-vous ici ?! » retentit une voix derrière Elena, près de la porte.

A priori, elle allait avoir quelques ennuis...

« M... Que faîtes-vous ici ?! » retentit une voix derrière Elena, près de la porte.

La jeune femme sursauta sur le coup mais ne lâcha pas la main de William. Elena s’était trop vite relevée et une violente douleur dans son bas ventre lui rappela, qu’elle aussi, était une patiente de cet hôpital.

« Je …Enfin c’est mon collègue, je peux pas le laisser tout seul ! Oh s’il vous plait ! »

Dit-elle en n’arrivant pas à retenir une grimace. Instinctivement, elle serra sa main gauche dans celle de William et son autre main vint se poser sur son ventre qui la faisait toujours souffrir. L’infirmière, d’abord ennuyée par le comportement de sa patiente qui ne semblait pas vouloir retourner à sa chambre, posa son regard sur le ventre d’Elena et comprit qu’il s’agissait de cette auror qui avait fait une fausse couche à cause d’un accident dans une mission qu’elle effectuait avec son collègue. Collègue qui était dans le coma justement. La médicomage soupira et recula d’un pas :

« Je vais faire comme si je ne vous avais pas vu et je vais sortir de cette chambre … »

Elena lui adressa un sourire fatigué mais tout de même un vrai sourire.

« Mer… »

« Cependant » la coupa-t-elle, « si vous avez mal ou si vous avez un problème, appelez-nous tout de suite, c’est d’accord ? »

Elena acquiesça et s’enfonça dans le fauteuil. Elle était épuisée, elle avait mal partout mais elle ne se voyait pas laisser son collègue tout seul. A ce moment-là, elle ne le faisait pas parce qu’ils passaient la nuit ensemble mais simplement parce qu’il était son collègue et qu’elle tenait vraiment à lui avant tout parce qu’il était son âme sœur professionnelle. Vous trouvez le terme un peu fort ? C’était peut-être vrai mais étant donné qu’Elena n’avait plus de famille et que sa vie sociale se limitait essentiellement à son travail, et bien, il était logique qu’elle s’attache plus que de raison à certains de ses collègues. Et voilà que maintenant William se retrouvait entre la vie et la mort. Elle n’arrivait même pas à se rappeler comment il avait pu être plus touché qu’elle, ils étaient à la même hauteur quand l’explosion avait eu lieu. Lui était dans le coma et elle, qu’avait-elle ? Elle ne se trouvait pas si amochée que ça … Enfin elle était quand même sacrément amochée même si elle n’était pas prête à l’accepter. Le traumatisme cranien n’était pas à prendre à la légère, les diverses blessures sur le visage, le torses et les bras se guériraient bien mais c’était la fausse couche qui posait le plus de problème. L’esprit d’Elena occultait totalement cet élément, c’était une sorte de défense qu’elle avait érigée pour ne pas souffrir, pour pouvoir rester auprès de William et ne pas craquer. Elle n’avait pas le droit, intérieurement elle se l’interdisait. Il fallait qu’elle soit forte !


Dans la pièce d’à côté, Paul Hunter, chef du bureau des aurors arriva en trombe à sainte Mangouste. Il avait apprit il y a quelques minutes que William et Elena avaient été piégé par le couple O’Connel et avait transplané du ministère à l’entrée de l’hôpital. Là, il avait dû hurler de toutes ses forces pour qu’une secrétaire de l’accueil lui livre le numéro des chambres où étaient ses deux aurors. Là, les médicomages lui expliquèrent la situation : à savoir que William était encore dans le coma et qu’Elena était avec lui et qu’elle avait perdu son bébé à cause de la violence de l’explosion.
Un bébé ?!! Elena était enceinte ?! Paul avait du mal à y croire. William dans le coma, Elena enceinte … Pourquoi ne lui aurait-elle pas dit ? Les femmes aurors doivent arrêter d’aller sur le terrain dès les premiers mois de grossesse ! Paul prit son visage entre ses mains et soupira longuement. A ce moment-là, un hiboux entra dans la pièce et vint se positionner devant lui. Il prit la note immédiatement et annonça qu’il devait partir le plus rapidement possible pour régler ses derniers problèmes. Mais avant de partir, il s’adressa aux médicomages :

« Quand M. Carter se réveillera, dites-lui bien que nous n’avons pas réussit à joindre sa femme. On ne sait pas où elle est parti, son supérieur à reçu une note hier soir très tard ou elle disait qu’elle serait absente pendant une bonne semaine pour raisons personnelles »

« Bien M. Hunter, nous lui dirons. »


Elena s’était encore assoupie, vaincue par la fatigue et les émotions de ces dernières heures. Et en plus, elle voulait se reposer : elle comptait bien demander à William ce qu’il s’était passé parce que les quelques secondes avant l’explosion étaient floues pour elle.

William évoluait dans une drôle de dimension. C'était à la fois rien et à la fois tout. Personne ne savait jamais vraiment ce qui se passait quand on était dans l'esprit d'un homme dans le coma. Où étaient-ils ? Etaient-ils vraiment dans la vie ? Ou ailleurs ? Ils n'étaient pas morts en tous les cas. Alors, où ça ? William n'en aurait d'ailleurs aucun souvenir vraiment mais pour le moment, il se sentait bien. Il ne pensait plus à rien et semblait évoluer comme du côté. Comme un lointain écho, il pensait entendre des voix... Mais elles étaient bien loin, elles ne venaient pas de son esprit en tous cas. Il avait l'impression que son esprit flottait, tiraillé d'un côté de l'autre, un coup tiré vers là vie un coup tiré vers la mort, bien plus prometteuse. Mais il entendait aussi des voix... Celle de sa fille, perdue il y a de cela plus de dix aujourd'hui, et celle de sa femme aussi. Elles étaient réelles... En tous cas, elles lui semblaient si réelles.. Ils voulaient les rejoindre, mais elles lui disaient de rester, que le temps viendrait bien assez tôt pour qu'il les rejoigne... Mais il était torturé entre revenir et rester. Ce n'était pas encore son heure de les rejoindre lui disaient-elles...

Mais il voulait les prendre encore une fois dans ses bras... Une seule chose n'avait eu de cesse pendant des années de lui traverser l'esprit : il n'avait pas su les protéger.

C'est lui qui aurait dû mourir.

Il ne se souvenait de flashs dans son esprit, rien d'autres. Sa mémoire lui faisait défaut. Tout s'était passé tellement vite à partir du moment où ils avaient pris conscience qu'ils étaient tombés dans un piège alors qu'ils pensaient eux au contraire leur tendre un piège. Mais quelque chose avait dû les trahir. En tous les cas, William ne se souvenait plus que d'une forte explosion qui les avaient tous deux projetés contre un mur et ensuite... Ensuite, une forte douleur se répandant dans tous les membres. Il se souvenait de s'être porté en rempart devant sa coéquipière. Il avait amorti le choc de l'atterrissage en la tenant de telle sorte qu'il reçoive le plus de débris de l'explosion. Ils étaient tombés et alors il n'avait plus rien senti. Avant même de sentir le sol d'ailleurs, il n'avait plus rien ressenti. Il n'avait pas même sentit sa tête heurter le sol lorsqu'ils étaient retombés. Ce qui avait probablement provoqué sa mise en inconscience. Il s'était sentit partir, comme enfermé dans une bulle de coton que rien ne pouvait atteindre. Tout était flou dans sa tête et il ne se souvenait de ce qui s'était passé que par bribe.

Lorsqu'il se réveillerait, il ne s'en souviendrait pas, sinon peut-être quelques bribes, quelques éclairs, mais au fur et à mesure cela lui reviendrait. Il fallait juste du temps. Il se souviendrait juste des instants qui avait précédés l'explosion puis... Plus rien. Plus rien après, et plus rien avant. Il ne se souviendrait que de ce qu'il y avait de plus récent.

Une nuit ainsi passa sans qu'il n'y ait aucune modifications dans le statut actuel. Une journée de plus ensuite se déroula et, encore, William ne semblait encore vouloir se réveiller. Seule l'amulette flottant doucement au-dessus de sa poitrine et la machine qui retranscrivait les battements de son cœur, notifiait qu'il était toujours en vie. Il était comme en veille... Se demandait-il s'il voulait revenir ou non ? Qu'est-ce qui le faisait ainsi hésiter ? Son esprit et son corps en veille ne semblait vouloir se réveiller. C'est alors qu'environ quarante-huit heures après qu'il fut à Sainte Mangouste et branché à cette machine, il revint à lui. Lentement. La machine qui retranscrivait un rythme cardiaque en veille sembla s'accélérer sensiblement. Quelques secondes plus tard, William ouvrait les yeux. Complètement perdu, il regarda autour de lui, se demandant ce qu'il faisait là. C'est alors qu'il posa les yeux sur Elena, la regarda quelques secondes comme s'il essayait de se souvenir qui elle était et finalement il demanda...

« Que faîtes-vous là ? »


Elle semblait le regarder comme si elle le connaissait, comme si elle était soulagée qu'il se réveille, comme si elle allait pleurer... Mais qui était-elle ? Il ne la connaissait pas...

Elena était à bout. William ne semblait pas vouloir se réveiller. Seule l'amulette flottant dans une lenteur désespérante au-dessus de sa poitrine et le scope témoignait qu'il était toujours en vie. Mais pour Elena il était là sans y être. Son corps était là mais pas son esprit. La jeune femme avait lu dans une revue que, lorsqu’une personne était dans le coma, elle entendait tout ce qu’on lui disait quand on lui parlait. Dans un premier temps, elle avait trouvé cela ridicule : les patients se rappelaient-ils vraiment à leur réveil s’ils avaient entendu des voix leur parler ? Elena était sceptique. Cependant elle n’avait pas lâché la main de son collègue depuis qu’elle s’était assise sur le fauteuil juste à côté de lui. Les infirmières, voyant qu’elle ne bougerait pas du fauteuil, lui avaient apporté une couverture en cachette de la chef de service. Elena avait remercié la médicomage d’un sourire fatigué et s’était enroulé dedans sans plus de mots. La jeune femme avait décidé de passer la nuit dans la chambre de William au cas où celui-ci se réveillerait et cela, même sans l’accord du personnel. Ces derniers avaient dû négocier longuement avec Elena : ils voulaient vérifier les différents pansements de la polonaise ainsi que lui donner une potion antalgique. Si, au début, elle avait refusé la potion, après les pansements, elle n’avait pas longtemps hésité tellement la douleur devenait insupportable. En même temps, c’était aussi de sa faute puisqu’elle refusait de s’allonger et de se reposer comme c’était préconisé en temps normal. Le soir même, elle avait à peine touché à son repas et gardait sa main collée à celle de son collègue un peu comme si elle espérait qu’elle soit la première à sentir son premier mouvement.

Elena n’envisageait pas une seule seconde qu’il ne puisse pas se réveiller. Mais force est de constater qu’une nuit passa, puis la journée et rien ne se passait. Cependant, Elena ne bougeait pas de sa place espérant de toutes ses forces que son âme sœur (professionnelle bien entendu !!! Pour qui me prenez-vous ) se réveille enfin.

« C’est complètement débile de parler à quelqu’un qui ne m’entend probablement pas mais … William, si tu m’entends, réveilles-toi, je t’en supplie. T’as pas le droit de partir de cette manière ! Je te l’interdis !! » Dit-elle la voix enrouée par la colère, la fatigue et les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.

Et c’est pile à ce moment là, à peine eut-elle finit sa phrase que le rythme cardiaque de son collègue s’accéléra et qu’il commença à ouvrir les yeux. Elena retint son souffle pendant quelques secondes et mit une main devant sa bouche. Elle osait à peine y croire, son cœur battait si fort dans sa poitrine qu’elle avait l’impression que ce dernier allait exploser mais la vérité c’était que William avait enfin ouvert les yeux.

« Par Merlin, ça y est ! » murmura-t-elle dans un souffle.

Elle resta deux secondes à l’observer, peinant à croire que, ça y est, il était sorti du coma même s’il semblait encore assez perdu, le regard dans le vide…

« Que faîtes-vous là ? »

Nouveau coup dur pour Elena. Comment ça, que faisait-elle là ? Et pourquoi la vouvoyait-il ?

« Will tu …C’est Elena. Ta coéquipière ! Enfin, William tu te souviens non ? » dit-elle tout à coup paniquée et non plus soulagée comme elle l’était la seconde d’avant. Non, elle ne pouvait pas croire ce qu’elle était entrain de … croire ! Il ne pouvait pas avoir perdu la mémoire ! Ce n’était pas possible ! Tout d’un coup, tout semblait « trop » pour elle et si elle ne s’était pas retenue, elle aurait fondu en larmes. Elle n’attendit même pas la réponse de William et essaya de se lever d’un bond mais une douleur transperçante la cloua à son fauteuil. Elle ravala ses larmes et se leva tout de même pour crier et appeler les médicomages qui accoururent immédiatement.

Elena s’était déjà rassise au fauteuil et lorsque l’équipe médicale entra leur dit :

« Il s’est réveillé d’un coup mais je crois … je crois qu’il ne se souvient plus de rien. Il m’a demandé ce que je faisais là. Mais je vous ai appelé desuite. »

« Vous avez bien fait mademoiselle Kowalski. » Le médicomage s’approcha alors de William et s’assit sur son lit : « Je suis le docteur Robbins, monsieur, pourriez-vous me donner votre nom ? Savez-vous où vous êtes ? » Oui, ça faisait beaucoup de questions d’un seul coup mais le médecin s’inquiétait de cette potentielle perte de mémoire et puis ce dernier semblait complètement perdu, désorienté.


* Tu me manques, je te veux
Tu ne reviendras pas
Et j'ai besoin de toi
Mais je ne peux pas t'avoir, même quand tu es là *

« Par Merlin ça y est » ? De quoi par Merlin ça y est ? Qui était-elle donc ? Elle semblait presque surprise et profondément rassuré de le voir se réveiller. Elle semblait avoir longuement attendu à son chevet au vu de ses yeux tirés...

Qui était donc cette jeune femme qui semblait ne pas beaucoup avoir dormi ces dernières heures et qui semblait le connaître ? William demeura perplexe pendant quelques secondes. Il venait de se réveiller, n'avait aucune idée pour le moment de comment il était arrivé ici, alors il était normal qu'il pose des questions. Il jeta un coup d'oeil autour de lui. Il esquissa une grimace. Une chambre d'hôpital. Il avisa ensuite tous les fils et « tuyaux » qui semblaient le retenir à une sorte de machine. Il soupira. Combien de temps allait-il être ainsi amarrer ? L'idée lui était fort déplaisante. Il n'avait aucune envie de rester coucher. Il devait se lever, il avait pleins d'occupations à faire. Comme... Comme... Il fixa le mur face à lui, essayant de fouiller dans sa mémoire. Un bateau. Il eut la vision soudaine d'un bateau dans son esprit... Pourquoi, il n'en savait rien, mais il devait aller le rejoindre. Fait étrange, le bateau ne semblait pas être sur la mer... Il ne semblait même pas terminé. Peut-être construisait-il un bateau !

Un bateau... C'était étrange. C'était la première chose dont il se souvenait. Et... Attendez. Il se souvenait. Il avait une fille ! Il le savait, il... Pourquoi n'était-elle pas à son chevet ? Etait-ce cette jeune femme qu'il y avait là devant son lit et qui semblait tenir beaucoup à lui ? En tous les cas, c'était l'impression qu'il avait. Il avait l'impression qu'un lien étroit le réunissant à elle, mais sans quoi. Il la connaissait sûrement. Pendant quelques secondes, il l'observa attentivement, se plongea dans ses iris noisettes, essaya de reconnaître ses traits. Ce devait être sa fille... Ou sa femme ? S'il avait une fille, alors il avait une femme. Etait-ce elle ? Mais comment donc se nommait-elle ? Il lui était impossible de pouvoir répondre à cette question. Tout comme il lui était impossible de mettre un visage sur sa femme et sur sa fille. Une photo. Il voulait voir une photo. Sans même demander l'autorisation et sans même que quelqu'un s'y attende, il avait esquissé un mouvement comme pour se lever du lit. Il devait aller fouiller dans ses vêtements. Il avait forcément une photo. Alors qu'il faisait un geste pour se glisser hors du lit, il entendit Elena lui dire qu'elle était sa... Coéquipière ?

« Vous... »

Il n'eut pas le temps cependant de terminer sa phrase qu'il la vit se précipiter en-dehors de la chambre – sans doute prévenir qu'il s'était réveillé -. Elle ne mit guère de temps à revenir. A peine s'était-elle rassise dans le fauteuil qu'un médicomage entra dans la chambre. Sa « coéquipière » lui expliqua un peu ce qui s'était passé et alors l'homme se dirigea vers lui, lui demandant comment il s'appelait et s'il savait qui il était. Non mais sérieux il se foutait de qui ? Il se foutait de lui là non ? Comme s'il ne savait pas qu'il s'appelait William Arthur Carter, qu'il construisait un bateau, qu'il avait une fille et une femme qui devaient très certainement l'attendre chez lui ! William était en train de le regarder comme s'il était lui-même pas très net...

« William. » répondit-il finalement d'un ton ferme avant de poursuivre. Je sais encore comment quel est mon nom oui. « Au lieu de me poser des questions stupides, vous feriez bien d'appeler ma femme et ma fille pour qu'elles sachent où je suis et qu'elle viennent au plus vite... Tiens d'ailleurs, savez-vous combien de temps je serai obligé de rester enfermé ici ?  » Il observa alternativement le Médicomage et cette jeune femme qui lui avait dit être sa coéquipière. Pourquoi semblaient-ils si déconcertés ? Qu'avait-il dit de si surprenant ? Non mais sérieusement s'ils restaient ainsi à le regarder, il allait finir par se lever lui-même, s'arracher tous ces tuyaux du bras et aller téléphoner lui-même chez lui pour prévenir sa femme et sa fille. A eux de voir, il en était capable.

C'était le trou noir. Pire même. Si encore il ne se souvenait plus de rien du tout, ça irait très bien, mais là il ne se souvenait que de certaines choses. C'était comme si son esprit s'était arrêtée sur UNE date particulière, c'était comme si il s'était bloqué sur cette période de sa vie et en avait oublié le reste. C'était comme s'il faisait un blocage au fond et qu'il ne parvenait pas à aller au-delà. Le temps avait passé mais il ne l'avait jamais oubliée. Il ne les avait jamais oubliés... Il souhaitait les revoir, les retrouver, mais il ne pouvait pas. Alors, le choc avait provoqué quelque chose qui faisait qu'il s'était bloqué sur une date butoir à laquelle il voulait revenir pour retrouver des personnes qu'il n'avait pas su protéger à une époque. Même s'il ne l'admettait jamais, elles lui manquaient encore terriblement.

Travailler pendant plusieurs années avec quelqu'un qui ne parlait jamais de sa vie privée au travail, c'est certain qu'Elena avait dû être très surprise en entendant soudain parler d'une femme et d'une fille. Si encore il n'avait parlé que de sa femme, elle aurait pu penser qu'il s'agissait d'Anabella mais là, même si elle ne connaissait pas beaucoup de sa vie privée, elle savait toutefois qu'il n'avait pas de fille avec Anabella. Alors soit elle se dirait qu'il avait reçu un trop fort coup sur la tête et qu'il ne savait plus ce qu'il disait. Parce qu'apprendre d'un seul coup qu'il avait une fille, c'était surprenant. Qu'il avait eu plus exactement, mais ça, elle l'ignorait. Comme tout le monde. Sauf lui. Il n'en avait jamais parlé à personne depuis l'accident. Il avait enfoui simplement au fond de lui-même cette période et cette culpabilité qu'il ressentit. d'où le blocage que son esprit avait fait.

Il reporta un instant son attention sur la jeune femme présente dans la pièce qui semblait vraiment dans tous ses états d'un seul coup depuis qu'il lui avait demandé qui exactement elle était. Elle était chamboulée, cela se lisait dans ses yeux. Elle l'était même encore plus que lorsqu'il s'était réveillé. Il avait la sensation que quelque chose le reliait à cette femme mais sans savoir quoi exactement. Il tourna la tête vers le docteur lorsque celui-ci s'adressa à lui. Allait-il enfin lui expliquer la situation ? En quelle année ils étaient ? Hein ? Il le prenait pour un débile ou quoi ? Il savait encore en quelle année ils étaient quand même. Ils savaient qu'ils étaient en... Un petit effort de concentration et les chiffres 1999 s'affichèrent dans son esprit. Cela ne changeait toujours rien de toutes façons : ils devaient impérativement appeler sa femme et sa fille. Il se demandait même pourquoi elles n'étaient pas déjà arrivées.

Apparemment, Elena pensait qu'il ne savait pas non plus en quelle année ils étaient car ce fut elle qui répondit avant qu'il n'en ait le temps. Fronçant un sourcil, il répondit... « Je sais bien qu'on est en 1999... En plus il y a un calendrier juste derrière au mur. » On ne l'appelait pas œil de Lynx pour rien.

1999... 1989 ou bien 1999, dans son esprit, cela ne changeait rien puisqu'elles n'étaient jamais mortes. Il devait aller retrouver sa femme et sa fille, impatiente et sans doute mortes de peur de ne pas le voir rentrer à la maison. Et eux, voilà qu'ils le retenaient ici à l'hôpital !!! Et soudain il se sentit énervé qu'ils restent à ne rien fait à simplement le regarder comme s'il débarquait de la planète Zörg. Il savait encore ce qu'il disait. Il était sain d'esprit.

« Vous allez rester ainsi longtemps ? Vous feriez bien de vous bouger un peu. Sinon c'est moi qui va moi-même appeler chez moi. » Et comme on était aussi bien servi par soi-même, il jeta les draps en arrière et s'assit au bord du lit, cherchant ses chaussures et essayant au passage d'enlever ces machins qui lui collaient à la peau. « Et pourquoi j'ai ces machins là ? Je suis réveillé maintenant, c'est bon. Pas besoin de m'attacher de cette façon. Je vais bien, je ne vais pas m'évanouir. » Les arrachant à moitié, il se leva et se dirigea déjà vers les placards pour y chercher ses vêtements habituels plutôt que cette blouse d'hôpital.

« Et si vous pouviez parler et arrêter de me regarder comme si j'étais un extra-terrestre, vous seriez d'autant plus d'utilité. » lâcha t-il subitement et sans réciproque. Il se retourna soudain et les fixa l'un après l'autre. C'est vrai quoi. C'était chiant se sentit ainsi les regards sur votre dos.

Le trou noir. Elena aurait bien aimé avoir le trou noir elle aussi pour être aussi « insouciante » que son collègue. Malheureusement pour elle, l’auror devait affronter la réalité en face non sans difficultés. Et Merlin seul sait combien ça pouvait être difficile !
Selon lui, il savait qu’ils étaient en 1999 mais était-ce vraiment le cas ou confondait-il les années ? Sa soit disant fille sortait-elle de son imagination ou en avait-il vraiment eut une ? Telles étaient les questions que se posait le Dr Robbins. Quand à Elena, elle se demandait … beaucoup de choses et son esprit s’embrouillait au fur et à mesure qu’elle pensait. Les quelques minutes avant l’explosion lui revinrent en mémoire et elle se sentait coupable d’avoir été moins touchée par l’impact que William. Elle était incapable de se souvenir de tout, elle ne voyait que des bribes de souvenirs comme des morceaux de films que l’on aurait coupé. Elle se souvenait parfaitement de ce qu’il s’était passé la minute avant l’explosion, la façon dont il s’était rapproché d’elle quand il avait senti le danger venir et puis … plus rien jusqu’à son arrivée à Ste Mangouste.

Machinalement, et erreur de sa part, elle se gratta l’arrière du crâne et avoua :

« Je crois me souvenir que tu m’avais dit qu’il n’y avait pas de téléphone chez toi et je ne pense pas qu’Anabella soit à la maison. Elle doit être au travail Will. »

Et aussi vite qu’elle avait commis cette bourde, William jeta les draps et s’assit au bord du lit. Elena et le Dr Robbins s’avancèrent d’un bond vers son collègue pour l’empêcher de se lever. Comment allait réagir William en entendant le prénom d’Anabella. Ce nom provoquerait-il une sorte de choc qui lui ferait recouvrir la mémoire ? Ou alors pas du tout ? En tout cas, le mystère resterait entier tant que William n’aurait pas réagit à sa réplique.

« Il n’est pas question que tu sortes de cet hôpital William Arthur Carter ! Tu vas nous écouter à la fin ?! T’es têtu comme une mule, par Merlin ! Tu as passé deux jours dans le coma, tu as besoin de repos ! »

hurla-t-elle. Elle n’était pas bien, elle était chamboulée, elle avait les hormones en vrac, et en plus de cela elle devait convaincre William de rester là ou il était et lui faire recouvrir la mémoire. C’était trop pour une seule personne ! … Et en plus de ça, elle aussi avait été blessé et on ne pouvait pas dire qu’elle avait prit soin d’elle ces derniers jours.

« Je … Je suis désolée, je n’aurais pas du hurler. » dit-elle la voix enrouée alors qu’elle se rasseyait et passait une main lasse sur son visage vaincu par la fatigue. Auprès de qui s’excusait-elle au juste ? De William pour lui avoir hurlé dessus ? Du docteur pour être passée pour une folle à hurler comme une damnée ? Elle-même ne le savait pas. Peut-être s’excusait-elle auprès des deux hommes va savoir. Toujours est-il qu’elle était épuisée et qu’elle aurait voulu juste faire un mauvais cauchemar … « Je suis fatiguée. »

Pas de téléphone chez lui ? C'est vrai d'un seul coup, il lui semblait se souvenir qu'il n'aimait pas vraiment ces appareils du diable. Bon dommage, alors il devait y aller directement. De toutes façons, en fait, il avait quand même un téléphone à la maison mais il le débranchait chaque fois qu'il y arrivait. Pour ne pas se faire déranger incessamment. Il haussa un sourcil. De quoi venait-elle de parler ? Qui était cette Annabella ? Sa sœur ? Non, sûrement pas, il n'habiterait pas avec sa sœur... Quoiqu'il en soit, il ne voyait vraiment pas de qui il s'agissait et il préféra ne rien répondre à cela. Il était quand même bien placée pour savoir que sa femme ne se nommait pas Anabella...

D'ailleurs, il y avait quelque chose d'étrange. Comment savait-elle qu'elle était au travail ? Elle la connaissait ? C'était son amie ? En quoi lui la connaissait d'ailleurs ? Et comment savait-elle qu'il n'avait pas le téléphone chez lui ? Parce que c'était ce qu'elle lui avait dit... Il n'avait pas le téléphone chez lui d'après ce qu'elle se souvenait. Il fallait avouer que c'était étrange. Il n'avait aucun souvenir de qui elle pouvait être mais elle, elle semblait le connaître. Il avait beau réfléchir, il n'arrivait pas à savoir ce qu'il y avait qui clochait. Il n'avait jamais aimé quand les choses lui échappaient, il fallait toujours qu'il puisse avoir le contrôle sur une situation sinon il était perdu...

Et là c'était justement ce qui se passait. Il y avait bien trop de choses qui lui échappait.

Il s'était levé et s'apprêtait à quitter la chambre parce qu'il était tout simplement hors de question qu'il reste ici bloqué à ne rien faire. Même si on essayait de le retenir avec une camisole, il ne se laisserait pas faire... Tiens, d'ailleurs, où était sa baguette ? Du regard, il se mit à la chercher. Il se sentait très bien maintenant, c'est bon, il n'y avait aucun besoin de de le garder ici plus longtemps, mais cela ne sembla pas plaire à la jeune femme qui s'appelait Elena car elle se mit à lui hurler dessus... O.O Non pas qu'il eut peur d'elle, mais il fut décontenancé certes, ne s'attendant pas à ce qu'elle éclate comme ça au risque de passer pour une folle... Il s'immobilisa subitement, oubliant ce qu'il voulait faire au juste et il se contenta de la regarder, tout à fait perplexe.

Sur les nerfs elle était à n'en pas douter et il se demanda ce qui lui avait pris. Ou ce qui lui était arrivée pour qu'elle soit au bord des nerfs comme cela. Alors qu'il n'avait toujours pas réagi, la jeune femme s'excusa avec confusion, prenant soudain conscience qu'elle venait de lui hurler dessus. Elle se laissa ensuite tomber sur une chaise et se passa une main lasse sur le visage. C'est là qu'il se rendit vraiment compte qu'elle avait vraiment l'air fatiguée. Ce fut le docteur qui se rapprocha d'elle pour lui poser une main sur l'épaule et lui dire d'un ton compatissant.

« Mademoiselle vous devriez retourner à votre chambre et vous reposer. Vous en avez autant besoin. Vous n'auriez même pas dû rester toute la nuit ici à veiller. »

William observa le médicomage, incrédule mais il jeta un coup d'oeil à Elena tout en demeurant silencieux et impassible, sans laisser transparaître ses pensées. Sérieusement, elle était restée dormir à son chevet ? Pendant les deux jours, sans même penser à se reposer ? La question qui lui taraudait l'esprit c'était... Pourquoi ? Mais pourquoi donc était-elle donc restée ainsi veiller à son lit en attendant son réveil et sans vouloir elle-même se reposer ?!

William avait de plus en plus l'impression qu'il y avait vraiment quelque chose de plus entre elle et lui, et qu'en lui disant être sa coéquipière, elle ne lui disait pas toute la vérité. Généralement, ses intuitions s'étaient toujours révélées exactes. Alors même s'il était amnésique, c'était une chose qu'il n'avait pas perdu...

« Le Médecin a raison. » fit-il d'une voix ferme tout en l'observant avec attention.

Se reposer ? Que croyait ce médecin ? Qu’elle allait lui obéir sagement ? Il connaissait mal Elena Irina Kowalski. Quand l’auror décidait de quelque chose, il était difficile de lui en faire démordre. Elle ne pouvait pas se reposer là ! C’était tout simplement impossible pour elle … mais en même temps aurait-elle encore la force de garder les yeux ouverts ?
Elle se remémora une fois de plus le jour de l’explosion et plus elle réfléchissait à ce qu’elle avait oublié, plus sa tête lui faisait mal. Pourquoi William avait-il été plus touché qu’elle ? S’était-il interposé pour la protéger ? Cette idée avait germé dans la tête de la polonaise mais c’était peu probable puisque William faisait tout pour éviter les contacts entre eux depuis … D’abord depuis leur erreur. Quelques jours plus tard, ils s’étaient rabibochés pour l’affaire Shönder. Disons que « rabibocher » était un bien grand mot puisque William avait réussi à la faire éclater en sanglot lui faisant croire qu’elle ne comptait pas pour lui. Mais peut-être qu’au fond, elle ne l’avait pas cru capable de faire ça … Et ensuite ils avaient encore du jouer au couple. Par Merlin, Elena avait été à la fois affreusement gênée de devoir faire semblant d’être sa femme mais elle n’avait pas pu, en même temps, sentir de légers frissons de plaisir à être aussi près de lui. Bien entendu ça n’avait pas été du gout de son collègue, il l’avait repoussé mais peut-être était-ce sa distance vis-à-vis d’Elena qui leur avait mis la puce à l’oreille ? Ou pas ! Parce qu’ils étaient amoureux, ça se voyait, ça se sentait et ça les deux aurors ne pouvaient pas lutter surtout qu’ils ne le voyaient même pas.

Elena sentit la main du médecin se poser sur elle alors qu’elle était encore dans ses pensées. Elle releva alors les yeux vers lui et lui lança un regard tellement noir qu’elle crut voir le médecin se reculer d’un pas. Il devait surement la prendre pour une dingue maintenant, avec son air de psychopathe ! Mais pour l’instant, elle s’en fichait pas mal et répondit sur la défensive :

« Vous n’avez pas à me donner des o… »

Et en plus William s’y mettait ?! C’était le monde à l’envers là ! La jeune femme regarda alternativement le médecin puis son collègue et soupira :

« De toute façon, vous ne me donnez pas le choix c’est ça ? »

« J’en ai bien peur mademoiselle. »

Elena murmura alors des paroles incompréhensibles, dans sa langue natale – probablement des insultes – et tenta de se lever. Une douleur transperçante lui rappela qu’elle n’était pas indemne et elle dût s’y reprendre une deuxième pour arriver à se lever. Le docteur voulut l’accompagner à sa chambre mais elle refusa net et lui répondit d’un ton agressif que ce n’était pas elle la malade mais son collègue. Elle sortit de la chambre en claquant la porte derrière elle et à peine sa tête s’eut-elle posé sur l’oreiller qu’elle s’endormit. Le Dr Robbins soupira longuement et dit :

« C’est un sacré phénomène cette Mademoiselle Kowalski. Quand elle s’est réveillée, elle a demandé immédiatement de vos nouvelles sans penser à elle et elle est restée deux jours à votre chevet sans se coucher… Monsieur Carter, vous devriez aller vous coucher aussi. »