Le cours autour des mandragores s'était bien passé. Les premières années avaient effectué leurs rempotages sans trop de dégat et pour les élèves, et pour les plantes.

En effet, ce cours avait plusieurs implications. Il s'agissait bien entendu d'apprendre à soigner les plans qui serviraient après à de nombreuses potions comme celle de dépétrification mais aussi d'introduire aux nés de moldus que la botanique magique n'était en aucun cas aussi inoffensive que celle de leur monde, et ce en prenant en considération les poisons violents ! Il fallait également les émerveiller et les faire rire et les têtes de bébé ridés avaient éveillé la moquerie de plusieurs des élèves.

April n'en faisait pas partie. La petite fille semblait particulièrement renfrognée ce jour-là et le Professeur l'avait laissée tranquille. Elle ne l'avait pas appelé à l'aide, il s'était concentré sur d'autres élèves, donnant à tous la même disponibilité et bonne humeur tranquille.

Puis, les jeunes étaient partis, de moins jeunes étaient arrivés, il avait fallu se concentrer sur un autre produit. Puis autre chose et le soir était tombé avant qu'il n'ait eu le temps de dire wingardium leviosa.

Quittant les serres pour aller se faire servir un café aux cuisines, il avait pris le temps de se changer et de laver ses mains (et son front) pleins de terre avant de revenir. Le jeune Londubat venait régulièrement lui prêter main forte pour le rangement des locaux avant la nuit. Il avait un réel don pour les plantes, plus grand que le sien s'il devait être honnête. Le gryffondor de dernière année les traitait avec une tendresse qui n'était en général réservé qu'aux êtres vivants classés zoo et non bio. Il n'en prenait pas ombrage - il ne serait pas professeur toute sa vie, il lui faudrait un jour retourner à son domaine et aux affaires familiales.

Revenant donc vêtu simplement d'un t-shirt gris, un pull vert et un jean bleu, son gobelet de café à la main et sa baguette à la ceinture, il remarqua la lumière et pressa le pas, pensant trouver son aide déjà attelé à ses tâches.

"Bonjour Neville." fit-il avec sa bonhommie habituelle sans le regarder de prime abord. Il entendit la voix du garçon, seulement elle ne lui répondait pas à lui. Levant la tête, il remarqua l'ampleur du désastre et la présence de la poufsouffle de première année. Inquiet, il transplana vers le duo.

"Qu'est ce qu'il s'est passé ici ? Quelqu'un s'en est pris à vous Miss Jones ?" Il avait posé un genou à terre, cherchant le regard de la petite puis celui de l'adolescent. "Tu as vu quelque chose ? Je n'ai rien remarqué quand j'ai quitté les lieux il n'y a pas une demi-heure..."

La colère de l'enfant faisait peine à voir car elle révélait une souffrance réelle qui allait bien au-delà des quelques mots qu'elle lui jetait au visage. Cessant de sourire - il ne voulait pas qu'elle croit qu'il se moque d'elle - il l'écouta gravement sans l'interrompre. Il avait déjà pu se rendre compte de la difficulté qu'avaient certains nés de moldus plus cartésiens que les autres à accepter le monde magique. Ce n'était pas quelque chose qu'il avait expérimenté directement, ayant eu la chance de ne jamais connaitre ce genre de déracinement mais indiens ou anglais, les enfants étaient des enfants et les problématiques se répétaient.

Londubat prenant directement le relai, Donal laissa l'adolescent parler. Il était plus ou moins neutre, étant encore un élève donc du "côté" de la demoiselle. Il n'était pas certain que les mots pourtant sincères du gryffondor arrivent à calmer toute la peur, l'angoisse, la désorientation que devait ressentir la petite. Il essayait de parler à sa raison. Or, contrairement à ce qu'April devait penser d'elle-même, elle était beaucoup plus dans l'émotion qu'autre chose.

Doucement, sans interrompre le discours de celui qu'il considérait déjà comme son assistant, il commença à ramasser les derniers grains de terre sans toucher à la plante écrasée par le pied vengeur. Il posa sur une table d'exercice qui ne serait pas trop haute pour l'enfant, plusieurs couteaux, des pinces, de l'eau, du parchemin et de quoi écrire et dessiner.

Enfin, le discours rassurant du jeune homme se termina. Donal hocha la tête, digérant l'information. C'était l'heure de diner dans la grande salle. Elle aurait faim quand elle se serait calmer. Il allait falloir penser à ça aussi.

"Venez Miss Jones. Allez-y, vérifiez par vous-même." La mandragore était déjà morte dans tous les cas alors la dissection ne l'inquiétait pas plus que cela. Moins sensible que Londubat, il voyait les plantes comme des êtres certes vivants mais en dessous du règne animal. "Posez la plante et écrivez ce que vous voyez, ce que vous pensez qu'est telle partie, comment vous pensez qu'elle fonctionne."

Ce serait sa punition. Bien légère certes au vu des dégâts causés mais si la gamine pouvait en sortir plus douée en botanique, alors la crise n'aurait pas été en vain.

"Neville vous aidera si vous en ressentez le besoin et je suis là pour toute question. Est-ce que vous voulez que je vous montre comment le cri de la mandragore peut pétrifier quelqu'un ?"

C'était le cours de rempotage aussi il avait travaillé en amont avec l'infirmerie pour avoir quelques doses en cas de besoin ou de cache oreille mal réglé. Il pouvait tenter le coup.